Festival des maudits films 2017 : notre sélection énamourée

Vaste et méconnue constellation peuplée de perles cinématographiques en tout genre, le cinéma bis sera à l’honneur cette semaine à l’occasion de la neuvième édition du Festival des maudits films. Histoire de rendre hommage à la fabuleuse diversité de la programmation, on a (presque) vu tous les films présentés. Voici notre sélection, à découvrir au cinéma Juliet Berto.

Hitcher : terreur sur la route

Certains réalisateurs signent parfois un coup d’éclat inaugural tellement intense qu’ils ne réussiront jamais à l’égaler par la suite. C’est le cas notamment de l’Américain Robert Harmon, auteur en 1986 avec Hitcher d’un thriller routier absolument unique en son genre, baignant dans une atmosphère d’étrangeté aussi trouble qu’envoûtante.

Après avoir pris en stop un personnage inquiétant sur une route déserte, un jeune homme va progressivement se trouver plongé dans un véritable cauchemar éveillé, traqué à la fois par l’autostoppeur psychopathe (incarné par un Rutger Hauer iconique comme jamais) et par les forces de police qui le pensent coupable des meurtres commis par son poursuivant. Porté par une réalisation éblouissante, Hitcher n’explique jamais le rapport trouble et chargé de sous-entendus sexuels qui unit le chasseur et sa proie, embarquant le spectateur dans une odyssée routière aux confins du fantastique qui laisse la porte ouverte à une myriade d’interprétations.

Jeudi 19 janvier à 20h

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Larry le dingue, Mary la garce : droit dans le mur

Suite au succès surprise d’Easy Rider en 1969, le cinéma américain a trouvé dans le road movie le véhicule parfait pour refléter les velléités contre-culturelles de la jeunesse des années 1970. Moins réputé que certaines œuvres de référence comme Point Limite Zéro ou Macadam à deux voies, Larry le dingue, Mary la garce s’inscrit néanmoins pleinement dans cette veine opposant une poignée d’anti-héros motorisés à l’acharnement des forces de police.

Reposant grandement sur l’alchimie unissant son trio de perdants magnifiques (un coureur automobile raté n’ayant jamais réussi à percer, son mécano ayant sombré dans l’alcool et une jeune fille un peu perdue), le film de John Hough teinte ainsi progressivement d’une douce amertume l’enchaînement de courses-poursuites pétaradantes entre les trois marginaux et un shérif prêt à tout pour les rattraper. Aussi touchant que spectaculaire, Larry le dingue, Mary la garce fait partie de ces œuvres oubliées à redécouvrir d’urgence.


Jeudi 19 janvier à 22h

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Big racket : face au crime

Reflet trouble d’une période historique marquée par la violence mafieuse et les attentats terroristes, le polar italien des années 1970 a accouché d’une flopée d’œuvres ultraviolentes et idéologiquement souvent limites, opposant d’odieux truands psychopathes à des flics justiciers en proie à une administration corrompue. Un cinéma extrême et outrancier qui n’en a pas moins accouché d’un certain nombre de réussites incontestables, comme ce Big racket d’Enzo G. Castellari, polar rêche et viril enchaînant les fusillades à un rythme exponentiel jusqu’à l’explosion de violence finale.

Vendredi 20 janvier à 18h

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Le Dernier face-à-face : il était une fois en Italie

Aux côtés de Leone et de Corbucci, Sollima est le troisième grand réalisateur prénommé Sergio à avoir donné ses lettres de noblesse au western italien des années 1960. Moins réputé que son pourtant légèrement inférieur Colorado, Le Dernier face-à-face constitue, n’ayons pas peur des mots, l’un des westerns les plus passionnants engendré par le cinéma italien de cette période.

Pris en otage par un bandit de grand chemin sans foi ni loi, un honnête professeur d’histoire se trouve embarqué de force en plein cœur de l’Ouest américain. Explosive à ses débuts, la relation entre ces deux hommes que tout sépare va progressivement prendre une tournure plus trouble au fur et à mesure de leurs déambulations. Réunissant deux acteurs italiens majeurs au sommet de leur talent (Gian Maria Volontè et Tomás Milián), Le Dernier face-à-face redonne au schéma somme toute classique d’inversion des valeurs une ampleur et une subtilité inédites.


Vendredi 20 janvier à 22h

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A Gun For Jennifer + Dead or Alive : femmes dangereuses

Figure récurrente du cinéma de genre, le personnage de l’héroïne "badass" armée et dangereuse sera au cœur de la traditionnelle séance "grindhouse" (terme utilisé aux États-Unis pour parler des cinémas de quartier diffusant deux films d'exploitation à la suite) du festival. Paradoxalement, c’est aussi à peu près la seule chose qui réunit les deux œuvres sélectionnés pour l’occasion.

Film culte de la mouvance punk féministe "riot grrrl" du milieu des années 1990 tourné pour un budget absolument ridicule, A Gun For Jennifer esquive judicieusement les postures moralisatrices redoutées pour virer dans le film d’exploitation pur et dur ; tandis que Dead or Alive, nanar haut en couleur de 2007 adapté d’un jeu vidéo mêlant amazones sexy, arts martiaux et beach-volley, se vautre avec une allégresse communicative dans le kitsch le plus absolu.

Difficile enfin de conclure ce panorama sans évoquer le très réussi Troublez-moi ce soir projeté trois jours plus tôt (mercredi à 20h), thriller psychologique méconnu de 1952 sublimé par une Marylin Monroe touchante en diable en jeune fille au bord du gouffre.

Samedi 21 janvier à 20h

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Mais aussi place aux monstres !

Plaisir coupable de tout amateur de cinéma bis qui se respecte, le film de monstre sera à l'honneur à trois reprises durant le festival. Tout d’abord dans Le Sixième Continent (mercredi 18 à 18h), sympathique film d’aventure à l’ancienne adapté d’une nouvelle d’Edgar Rice Burroughs et confrontant l’équipage d’un sous-marin au bestiaire préhistorique d’une île perdue de l’océan Atlantique.

Ensuite dans Épouvante sur New York (vendredi 20 à 20h), un film de 1982 de Larry Cohen dans lequel Quetzalcóatl, légendaire serpent ailé du bestiaire mexicain préhispanique, sème la terreur dans le ciel de New York. Un vaste programme dont le métrage a malheureusement, limites budgétaires obligent, un peu de mal à s’acquitter…

Signalons enfin le grand classique de Wes Craven Les Griffes de la nuit (1984), projeté le vendredi en séance de minuit, qui signe l’arrivée sur les écrans de l’iconique croquemitaine Freddy Krueger, tueur d’enfant brûlé vif qui revient hanter les rêves des adolescents d’une banlieue pavillonnaire américaine.

Festival des maudits films
Au cinéma Juliet Berto du mardi 17 au samedi 21 janvier

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