Lee Fields : « Je préfère le rythme humain aux algorithmes »

Lee Fields : « Je préfère le rythme humain aux algorithmes »
Lee Fields & The Expressions + The Mystery Lights

La Belle Électrique

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À l'heure où les modes défilent à une vitesse impressionnante, certains artistes parviennent encore à s'inscrire dans la continuité. Roi incontesté de la soul, l'Américain Lee Fields chante l'amour et l'esprit depuis la fin des années 1960 avec une chaleur et un grain inimitables. De retour avec un nouvel album baptisé "Special Night", il défendra sur la scène de la Belle électrique une musique naturelle et humaine. Entretien avec celui qui est bien plus qu'un "Little James Brown".

Vous avez débuté votre carrière en 1969 avec le single Bewildered. Un demi-siècle plus tard, vous êtes toujours là, avec la même passion et un nouvel album, Special Night. Est-ce que votre amour de la musique est éternel ?

Lee Fields : Oh oui ! Ce domaine ne devient jamais ennuyant, jamais. C'est toujours très excitant de faire de la musique, parce qu'on est avec des gens, vous voyez. Je ressens la même chose pour la musique depuis toujours.

Les artistes avec une carrière aussi longue et riche que la vôtre sont rares. Quel est ce secret qui vous motive depuis tant d'années ? Avez-vous déjà pensé arrêter la musique ?

Dans les années 1980, j'ai un petit peu pensé arrêter. Je croyais que le genre de musique que je faisais ne plaisait plus. J'ai imaginé acheter une petite poissonnerie. Ma femme m'a alors demandé : « Qu'est ce que tu y connais en poisson ? » Je lui ai répondu : « Je ne sais pas vraiment mais ils ont bon goût ! » (Rires). Elle m'a alors conseillé de continuer à faire ce que je savais faire. C'est la seule fois où j'ai pensé faire autre chose.

Votre nouvel album Special Night a été enregistré très rapidement, en un peu plus de deux mois...

Oui, mais c'était beaucoup d'efforts consentis. Nous [avec son live band The Expressions – NDLR] voulions créer l'album que les gens avaient envie d'entendre. Nous nous réunissions dans le studio et chacun jouait quelque chose de différent, un rythme, un groove. Et avant la tombée de la nuit, tout le monde était sur la même ligne, tout le monde groovait ensemble.

Avez-vous toujours fonctionné de la sorte au long de votre carrière ?

Je fais de la musique aujourd'hui comme je le faisais au début de ma carrière. Je laisse sortir ce qui sonne naturel, ce qui est naturel. Si ça sonne réel, je garde. Je veux que ma musique sonne aussi vraie que notre conversation là, maintenant. Généralement, nos chansons viennent naturellement. Nous n'avons pas de formules. Les formules s'épuisent. Elles peuvent marcher un moment mais finissent toujours par s'épuiser. Nous, nous croyons simplement en nos instruments.

Nous pourrions jouer avec des instruments électroniques, mais ça ne nous ressemblerait pas. Nous n'y croyons pas. Nous jouons pour des humains et nous voulons qu'ils ressentent la puissance d'un orgue, par exemple. Nous préférons le rythme humain aux algorithmes, nous souhaitons être le plus proche des sentiments humains que possible. C'est le seul moyen de rester... compatissant. Nous voulons rester naturels. "Nature" est un très joli mot ! (Rires)

Puisque vous évoquez les mots, pouvez-vous nous parler de vos paroles ? À quel point sont-elles importantes pour vous ?

Les paroles sont très importantes pour la simple et bonne raison que si je m'apprête à chanter une chanson, j'ai intérêt à lui insuffler une vérité. Il y a tellement de chansons frivoles dans les médias de masse aujourd'hui... Or, la société dépend beaucoup, et ce depuis des siècles, de ce qu'elle entend et voit dans ces médias de masse. Je pense que je pourrais aujourd'hui écrire un grand tube avec des paroles légères pour me faire de l'argent, mais ce serait très égoïste de ma part.

On base notre jugement individuel sur ce qu'on voit. Nous, nous essayons de baser nos paroles sur la chose qui a survécu à l'épreuve du temps, c'est-à-dire l'amour. Car si un jour l'amour est renversé par la haine, alors nous disparaîtrons...

En vous penchant sur votre carrière, pouvez-vous identifier le moment précis où la musique a semblé être une évidence pour vous ?

Au tout début des années 1990, j'ai fait une chanson qui s'appelait Meet me tonight. C'est un blues du sud. J'utilisais beaucoup de modules différents à l'époque. J'ai conçu tout l'album tout seul dans ma cave à l'exception de deux morceaux que j'ai enregistrés dans un studio avec de vrais musiciens. Pour le reste, j'utilisais des boîtes à rythmes, des choses comme ça.

Je pensais que c'était une bonne méthode à l'époque, c'était très lucratif, je n'avais personne à payer. Mais quand je suis rentré en contact avec les premiers membres des Expressions, qui étaient à l'époque dans un groupe appelé The Soul Providers, j'ai compris que j'aimais plus que tout au monde la musique jouée par de vrais instruments. Et c'est à ce moment que j'ai compris que j'adorais la musique, que j'adorais en jouer avec des gens. J'adore ces gars, c'est une bénédiction de pouvoir jouer et voyager avec eux.

Lee Fields & The Expressions + The Mystery Lights
À la Belle électrique le samedi 4 février à 20h30

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