Nicolas Boukhrief : « Je voulais faire un portrait de femme »

Dix-huit mois après la sortie en salles avortée de "Made in France", le cinéaste revient avec un projet mûri pendant vingt ans : une nouvelle adaptation de "Léon Morin, prêtre".

Cette nouvelle adaptation du livre Léon Morin, prêtre de Béatrix Beck n'en porte pas le titre. Vous a-t-il été confisqué ou interdit à cause, justement, de l'adaptation de Jean-Pierre Melville sortie en 1961 ?

Nicolas Boukhrief : Non, pas du tout. Les gens se rappellent plus du film de Melville que de son livre – qui est une histoire autobiographique, un portait de l'homme qui l'avait tellement bouleversée. Appeler le film Léon Morin, prêtre ne me convenait pas, puisque je voulais surtout faire un portrait de femme et que le personnage de Barny soit très mis en avant. Du coup, La Confession est venu assez vite.

Hitchcock disait que tout titre doit être une interrogation pour le spectateur, ou une promesse. Tant qu'on n'a pas vu le film, on ne sait pas quelle est la confession, ni qui confesse quoi à qui.

Après Made in France, film sur les milieux intégristes de la banlieue parisienne, passe-t-on facilement d'une dialectique religieuse à une autre ?

Oui, dans la mesure où j'ai écrit les deux scénarios en même temps. Le hasard de la vie a fait que j'ai réussi à vendre les deux sujets au même moment, mais La Confession s'est développé sur un temps plus long et a été plus difficile à écrire. Ce n'est pas la même chose de parler du djihadisme en 2014 en France et d'un affrontement religieux contre le communisme en 1944, même s'il y avait un fond de religion entre les deux.

Écrire Made in France, c'était manipuler une matière violente et nauséeuse – tout ce qui est apparu après dans les médias, je vivais avec cela depuis des mois. Basculer dans La Confession me faisait de petites bulles dans la tête, et me rendait céleste la reprise de l'écriture de Made in France – il le fallait pour que j'aie envie de repartir dans cet univers infernal. C'est la première fois que je faisais cette expérience, très intéressante et très enrichissante, de balancier entre les deux.

Comment avez-vous choisi votre "couple" ?

J'ai tout de suite écrit en pensant à Romain Duris. J'était obligé de tenir du fait que Bébel était sublime dans le rôle dans le film de Melville – dans un genre prêtre presque voyou. Il ne fallait pas que je parte dans un registre aussi concret. J'aurais été chercher quelqu'un comme Franck Gastambide qui a un grand potentiel, là la comparaison aurait pu jouer. Romain, je le percevais plus aérien. Ça aide beaucoup a écrire. Je lui ai proposé le rôle le lundi, il l'a lu le mardi, et accepté le jeudi, très naturellement. C'était assez magique.

Ensuite, pour créer le couple, j'ai entrepris une vraie démarche de casting avec une trentaine d'actrices, plus ou moins connues. Sur les conseils de mon producteur et de son agent, j'ai rencontré Marine Vacth, que je trouvais trop jeune à 24 ans. Mais dès le premier rendez-vous, j'ai trouvé qu'elle avait une maturité très supérieure à ce que je pouvais projeter d'après le film d'Ozon, Jeune et Jolie. Elle s'est imposée comme une candidate sérieuse, et j'ai pensé que ça collerait avec Romain. C'était une évidence devant mes yeux, ça l'a été sur le tournage.

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