La tour Perret, phare grenoblois en quête d'avenir

Patrimoine / Illuminée de bleu en son sommet et révélée une fois par an par les feux d'artifices du 14 juillet, la tour Perret, située en plein parc Paul-Mistral, demeure un emblème grenoblois, à plus d’un titre. Car malgré sa façade grisâtre, l’édifice de presque un siècle porte les ambitions modernistes du début du XXe, entre esthétique épurée et béton armé. Mais malgré les prouesses techniques, la tour se dégrade. Un chantier de rénovation va donc être lancé pour redorer le phare Perret. On remonte le fil de l'histoire.

1924. L’effervescence bat son plein dans la capitale dauphinoise car Grenoble reçoit, l’année suivante, l’Exposition internationale de la houille blanche (pour qualifier la force hydraulique de l'écoulement de l'eau transformée en énergie électrique) et du tourisme. Point de chute de cette grande manifestation, le parc Paul-Mistral avec un gigantesque aménagement de pavillons. Mais à l’ère où Internet n’était qu’une douce utopie, comment se repérer dans ce dédale labyrinthique ?

C’est ainsi qu’apparaît Auguste Perret (1874-1954), architecte moderne notamment à l’ouvrage pour le Théâtre des Champs-Élysées à Paris. Il soumet un projet de tour à usage d’orientation en béton armé, fleuron de l’industrie du ciment dans la région. La proposition est acceptée, la team Perret n’a plus qu’à mettre les mains dans le ciment.

En un temps record de neuf mois, la tour Perret, haute de 95 mètres pointe comprise sur une base octogonale, se dévoile au milieu de montagnes. Avec 15 mètres de fondation, un diamètre de 8 et 8 poteaux verticaux, la tour s’érige en véritable phare. Une table d’orientation fait le tour du bâtiment à 60 mètres afin de se situer dans l’exposition de 20 hectares. Terminée le 4 mai 1925, la tour est prête à recevoir le public pour l’ouverture de l’exposition le 21 du même mois.

Seconde jeunesse pour le phare

Le problème, c’est que la première tour d’Europe en béton armé devait être, tout comme l’exposition, éphémère. Aujourd’hui seul vestige de la manifestation, l’édifice résiste mal aux outrages du temps. Les premières dégradations sont constatées en 1950, quelques réparations sont effectuées en 1952, puis en 1987, mais l’accès est fermé au public depuis 1960. Inscrite en 1975 aux monuments historiques, elle est classée en 1998 et labellisée "Patrimoine du XXe siècle". Ainsi protégé, le symbole de la modernité grenobloise du siècle dernier attend depuis plusieurs décennies une cure de jouvence pour redorer sa structure en coffrages modulaires répétitifs.

Des spécialistes s’attaquent alors au phare imprenable du parc Paul-Mistral. Des études menées en 2004 et 2012 prouvent la stabilité de l’édifice mais les dégradations du béton seront irréversibles si une réhabilitation n’est pas opérée. En novembre 2016, le conseil municipal vote le sauvetage de la tour Perret. Des travaux sont prévus prochainement, avec notamment le soutien de partenaire financiers publics et privés, des subventions institutionnelles et du mécénat d’entreprises afin de redonner sa splendeur à l’esthétique avant-gardiste du monument. Une rénovation qui permettra d’emprunter à nouveau les escaliers hélicoïdaux du dernier étage, ou l’ascenseur pour les moins Grenoblois d’entre nous. Tour Perret, bientôt, nous te visiterons à nouveau.

pour aller plus loin

vous serez sans doute intéressé par...

Mardi 18 janvier 2022 Voilà une exposition passionnante pour quiconque s’intéresse un tant soit peu à l’histoire de sa ville et à son urbanisme (tout le monde non ?). Prétextant (...)
Mardi 9 mars 2021 C’est une vieille dame fragile et, à ce titre, elle fait l’objet d’une surveillance constante. En fin d’année dernière, la tour Perret a "bougé" de manière inédite. Des travaux d’urgence y sont donc menés actuellement.
Mardi 18 avril 2017 Grenoble est une très vieille ville, pleine d’impressionnants vestiges des siècles passés. Mais Grenoble est également une ville en mouvement que les architectes ont continué de façonner au siècle dernier. La preuve en douze monuments phares du XXe...
Mardi 7 juin 2016 Grenoble n’est pas que béton : il reste en ville un patrimoine historique riche, qui pourtant s’effrite. Place de Verdun, l’Ancien musée de peinture fait partie de ces joyaux en déshérence. On a fait un tour de table pour comprendre comment on...

restez informés !

entrez votre adresse mail pour vous abonner à la newsletter

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X