Amadou et Mariam ou la géniale "Confusion" des genres

Amadou & Mariam + James Stewart

La Belle Électrique

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

musique / Avec "La Confusion", Amadou et Mariam opèrent un retour clair et tranchant. Oscillant entre la profondeur de thèmes délivrés dans la plus grande naïveté d'expression et la pulsion de danse, voilà sans doute leur album le plus grave et le plus dansant. Le plus dansant, peut-être parce que le plus grave. À constater mercredi 27 septembre sur la scène de la Belle électrique.

Il y a chez Amadou et Mariam comme un paradoxe permanent. D'abord, une musique des plus festives délivrée avec une sorte de stoïcisme marmoréen, conséquence peut-être de leur condition de non-voyant empêchant toute frontalité des rapports et extériorisation excessive. Ensuite, des textes d'une naïveté proverbiale qui pourtant se muent, peut-être précisément pour cette raison, en messages universalistes. Et font du duo malien l'un des ambassadeurs les plus courus non pas des musiques du monde, comme on le dit vulgairement, mais de la musique mondiale tout court.

C'est que cette musique et les thèmes qui la font sont traversés par les catastrophes qui agitent notre planète et plus particulièrement l'Afrique. Et voilà un autre paradoxe : délivrer une musique dansante, contagieusement jouissive, consignant les malheurs du monde, ce qui donne une autre indication sur le pourquoi du stoïcisme évoqué plus haut.

C’est chaud

Composé dans le contexte de la guerre au Mali, le dernier album d'Amadou et Mariam ne pouvait trouver pour toutes ces raisons titre plus approprié : La Confusion. Celle d'un monde en pleine mutation, de plus en plus difficile à suivre tant il marche sur la tête.

Mais de cette confusion, y compris religieuse (telle qu'évoquée sur Massa Allah), Amadou et Mariam sont à la fois les rapporteurs et les antidotes. Leurs textes rendent compte, alarment (à l'image de morceaux comme C'est chaud, qui s'empare de la question des migrants mais à la manière d'une mise en garde face aux mirages de l'Occident) ; et leur musique soulève, allège, apaise. Plongeant au cœur de cette musique ouest-africaine très inspirée par le funk, le disco, à l'image du tranchant Bofou Safou, appel musical à la danse mais aussi à se retrousser les manches pour s'en sortir. Ou encore du très pop morceau titre La Confusion.

Au fond, ce qui transparaît derrière la naïveté d'expression précitée, et c'est sans doute la patte Amadou et Mariam, particulièrement mise en relief sur cet album à la gravité profonde, c'est une analyse d'une grande lucidité. À commencer par celle consistant à penser que tous les malheurs du monde ne doivent empêcher de vivre et donc de danser. Fût-ce uniquement dans sa tête.

Amadou et Mariam + James Stewart
À la Belle électrique mercredi 27 septembre à 20h

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