Matthew Vaughn ("Kingsman") : « Faisons les films que personne ne peut faire »

Matthew Vaughn (
Kingsman : le cercle d'or
De Matthew Vaughn (EU, 2h21) avec Taron Egerton, Mark Strong...

Le réalisateur de "Kingsman" remet le couvert, plaçant une baronne de la drogue sur la route de son armada d'élégants. Du sur-mesure pour ses interprètes, et du cousu main par l'auteur qui détaille ici son patron. Propos recueillis lors de sa conférence de presse parisienne.

C'est la première fois que vous tournez la suite d'un de vos films. En quoi Kingsman est-il si différent de Kick Ass ou X-Men ?

Matthew Vaughn​ : Je n'ai pas pu refuser de le réaliser ni lui résister : j'avais adoré tourner le premier ; il n'était pas question pour moi que quelqu'un prenne mes propres jouets et joue avec !

Le Cercle d'Or est davantage une expansion qu'une suite à Kingsman...

En effet. Il était très important pour moi de continuer l'histoire amorcée, plutôt que de faire une suite pour une suite ou pour, disons, l'argent. Kingsman est surtout l'histoire d'Eggsy, qui d'un très jeune garçon, évolue jusqu'au 3e opus. C'est son parcours, son voyage personnel que nous suivons, où qu'il nous emmène. En aucun cas je n'ai voulu me répéter : ça aurait été aussi ennuyeux pour vous que pour moi

Quand avez-vous pris la décision de réintégrer le personnage de Colin Firth ? Était-ce prévu dès son exécution à la fin du précédent épisode ?

MV : En fait, non. À l'écriture du scénario, on a essayé de voir si ça marchait sans lui, mais c'était boiteux. On l'a donc "ramené" dans la suite. Certains spectateurs peuvent ne pas aimer, mais la plupart des gens sont très heureux de le voir revivre.

La distribution est prestigieuse. Tous les acteurs correspondent-ils à vos premiers choix ?

Y aurait-il pu y avoir d'autres acteurs que ceux-là ? (rires) Pour le premier film, tout le monde m'avait dit non, pour le deuxième, tout le monde m'a dit oui.

Vous abordez ici la question de la légalisation des drogues. Quel est votre avis sur ce sujet ?

Il mérite d'être débattu. Personnellement, je n'en ai jamais pris – croyez-moi ou pas, ce n'est pas grave. Lorsque le personnage de Poppy avance que le sucre est une addiction au moins aussi mauvaise, voire pire que la drogue, elle marque un point. Alors, la drogue devrait-elle être légalisée ? Je ne sais pas. On sait que le système de prohibition ne marche pas.

En tout cas, il n'y a pas assez de personnalités politiques qui abordent le problème de façon ouverte et intelligente. Par ailleurs, j'ai découvert que les plus grands lobbies contre la drogue sont ceux de l'alcool, qui vous encouragent à boire et à devenir des alcooliques. En effet, si jamais elles devenaient légales, les drogues seraient une menace financière pour eux.

Avez-vous pensé à Trump au moment d'écrire votre président si falot et simpliste ?

Au moment de l'écriture, il était encore un animateur TV. Je n'imaginais pas qu'il entrerait en politique et encore moins qu'il deviendrait président. Dans ce cas, c'est un peu la vie qui imite l'art...

Est-il facile de concilier l'esprit de transgression porté par Kingsman avec un studio ?

C'est facile dans la mesure où c'est Marv, ma propre compagnie, qui a financé le film. Dans notre catalogue, on a Arnaques, Crimes et Botanique, Snatch, Kick Ass, Kingsman... Jamais aucun studio n'aurait misé sur ce type de film – ou alors le résultat aurait été très différent au montage. Nous considérons que nous avons beaucoup de chance et qu'il faut finalement être audacieux. Notre devise, c'est un peu "Faisons les films que personne ne peut faire". Si jamais le public suit, on continue ; sinon... les studios ne suivront pas non plus.

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