Le Collectif Mensuel : « L'humour est une forme de politesse »

Blockbuster

MC2

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Spectacle / Ils sont belges et sans concession. Avec 1400 séquences de films américains cultes mises en musique, en bruits et en paroles en direct sur le plateau, les comédiens du Collectif Mensuel inventent une toute autre histoire en doublant Sylvester Stallone, Julia Roberts, Sean Penn & co. Et scénarisent le récit d'un peuple qui prend les armes pour contrer de cupides puissants. Ça s’appelle "Blockbuster", c’est absolument génial, et on en parle avec l’un de ses concepteurs avant son passage par la MC2.

Avec le Collectif Mensuel, êtes-vous venus au théâtre dans l’idée que ce serait un moyen de faire entendre les maux du monde – ici les inégalités abyssales entre les citoyens ?

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Renaud Riga : Il y a de ça, oui. On avait envie de mettre sur le plateau ce qui nous semble être l’un des problèmes du monde : la confiscation de richesses – économiques bien sûr, mais aussi politiques et démocratiques – par très peu de personnes au détriment de l’ensemble de la population. Mais de le faire avec second degré et amusement comme on n’avait pas tellement envie d’un spectacle à message premier degré – ce n’est pas tout à fait notre style !

Au théâtre, un message politique passe mieux avec humour ?

Oui, j’en suis personnellement très convaincu – même si je n’ai rien contre les spectacles plus sérieux. L’humour, pour moi, est une forme de politesse : nous ne sommes que des comédiens, des gens de théâtre ; nous ne sommes pas des révolutionnaires, nous n’avons rien mis en place d’autre que des spectacles. On se doit de ne pas se prendre au sérieux, de ne pas donner des leçons.

Vous ne vous prenez donc pas au sérieux en détournant un matériau on ne peut plus populaire : le cinéma américain.

On considère que ce type de cinéma, assez manichéen et produit par de très grandes entreprises commerciales, est aussi un outil de propagande mondiale : les États-Unis sont arrivés à nous vendre leur idéal à travers leur cinéma avec le héros souvent solitaire qui sauve le monde en tuant le méchant… Ça nous amusait de partir de cette référence pour, presque comme dans une prise d’aïkido, prendre la force et les qualités de l’adversaire et les retourner contre lui !

Comment avez-vous choisi les quelque 1 400 plans mis bout à bout, piochés dans plus de 150 blockbusters hollywoodiens ?

On a d’abord écrit notre scénario en suivant le canevas du blockbuster avec l’accélération à la moitié de la narration, l’interdiction de faire apparaître de nouveau personnage après 35 minutes… Sont alors arrivés quatre personnages principaux : on a dû décider quels seraient les acteurs hollywoodiens qui pourraient les incarner. On en a choisi des mondialement connus – Sean Penn, Julia Robert, Michael Douglas et Sylvester Stallone – car il fallait qu’ils aient une filmographie suffisante comme on voulait s’amuser dans le montage. Dans une même scène, Michael Douglas peut par exemple changer trois fois de costume ou de coupe de cheveux et prendre dix ans dans la vue !

En a découlé un film qui sert de base à votre spectacle à la forme atypique…

Oui ! Dès le départ, on savait qu’on allait au plateau bruiter et musicaliser le film mais avec des moyens extrêmement artisanaux. On s’est ainsi interdit tous les instruments électroniques, les samples, les bandes-son préenregistrées… On crée vraiment tout avec trois fois rien, on est sur de l’artisanat pur. Et ça nous amusait cette confrontation d’univers entre ce qu’il se passe au plateau et les moyens gigantesques mis en place par le cinéma américain.

Avec vos différentes spectacles (vous en avez par exemple un autre, baptisé L'Homme qui valait 35 milliards, centré sur Lakshmi Mittal, patron du plus grand groupe sidérurgique mondial) et plus largement votre compagnie, avez-vous le sentiment de remplir le rôle de satire, de chansonnier ?

Sans prétention oui (rires). On a en tout cas l’ambition d’être critique par rapport au monde dans lequel on vit, tout en essayant de toucher un public le plus large possible. Car il faut que théâtre rencontre le plus de spectateurs possible, comme ça reste un véritable endroit de rencontre autour d’une réflexion.

Blockbuster
À la MC2 du mardi 5 au samedi 9 décembre

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