Avec le cairn, la culture se la joue aussi monnaie locale

Avec le cairn, la culture se la joue aussi monnaie locale

En septembre dernier, le cairn, « monnaie locale et citoyenne », a fait son apparition à Grenoble, Voiron, Tullins et dans le Trièves. Si une centaine de commerces utilisent déjà ce moyen de paiement complémentaire dont l'intérêt est de faire fonctionner l'économie locale, qu'en est-il des lieux culturels ? Réponse dans cet article.

Voilà maintenant quatre mois que plusieurs épiceries, cavistes, boulangeries et cafés isérois utilisent le cairn. Complémentaire à l'euro, cette monnaie lancée cet automne a pour ambition de soutenir l'économie locale. « En utilisant le cairn, partenaires comme utilisateurs encouragent les échanges économiques de proximité et retrouvent la valeur d'échange d'une monnaie » nous explique Matthias Charre, membre de l'association en charge du projet. « Le partenaire à qui l'utilisateur a payé en cairn réutilise son cairn vers un fournisseur local, qui lui-même va payer un salarié et ainsi de suite... »

S'il est donc possible d'acheter sa baguette de pain avec cette monnaie locale, sept structures culturelles, souvent associatives, ont-elles aussi adhéré au concept. On peut désormais utiliser le cairn pour payer une place de théâtre de la compagnie la Fabrique des petites utopies, pour acheter un livre à la librairie Harry Morgan ou encore s'offrir une place de concert auprès du producteur grenoblois le Périscope (organisateur notamment du festival Holocène).

Sept structures seulement pour l'instant, car l'association en charge du cairn a choisi de prendre le temps d'organiser des projets avec les organismes culturels. « L'idée est de monter de vrais points d'échange autour du cairn pour que ce soit très qualitatif » poursuit Matthias Charre. « Par exemple, on souhaite implanter un comptoir de change et un moyen d'échange au sein de la buvette des deux festivals Merci Bonsoir organisés par l'association Mix'Arts. » En revanche, pour ces manifestations où l'achat des billets se fait en ligne, il n'est pas encore possible d'utiliser la monnaie.

Vers « les salles structurantes du territoire » et au-delà

En 2018, le Cairn envisage de partir à la conquête de plus grosses structures culturelles. « On aimerait pouvoir s'implanter à l'Heure bleue ou encore à la MC2. Ce sont des salles structurantes du territoire en matière d'image, de symbole, et je ressens un fort intérêt de leur part. »

Autre pari ambitieux, faire rentrer la monnaie dans les musées et les bibliothèques, qui dépendent souvent des collectivités locales. « On devrait expérimenter cette possibilité avec la mairie de Grenoble l'année prochaine. » Même si, d'un point de vue juridique, la mise en place semble moins évidente. « Avec une association, le principe est souple à instaurer sur la partie comptable tandis qu'avec une collectivité locale c'est plus complexe. Elle doit mettre en place une régie qui puisse récupérer les cairns. » Mais impossible n'est pas français.

Aujourd'hui, l'association revendique déjà 900 utilisateurs du cairn. Et en espère donc bien plus, dans tous les domaines d'activité.

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