Festival des Maudits Films : « Montrer des films qu'on ne voit jamais en salles »

Dixième édition déjà pour le Festival des Maudits Films, destiné aux amateurs de cinéma décalé – au sens très large du terme. Pour fêter cet anniversaire, et avant de présenter la programmation de cette année, on a rencontré sa directrice Karel Quistrebert, histoire de revenir avec elle sur les bases de cet événement atypique totalement "PB compatible".

Films d'horreur saugrenus, comédies délirantes, classiques mésestimés… Depuis sa création, le Festival des Maudits Films propose chaque année une sélection aux allures de vidéo-club géant grâce à sa patronne Karel Quistrebert qui, derrière son apparente timidité et sa longue frange cachant une partie de ses yeux, se montre très bavarde lorsqu’il s’agit de parler de cinéma. Et de son bébé. « L’idée du festival est de faire connaître des films qu’on ne voit jamais en salles, des films souvent plus rétro que modernes. Même si, pour moi, il y a des films rétro qui sont d’une modernité folle comme Citizen Kane par exemple. »

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Cet éclectisme cinématographique qu’elle défend et qui l’a amenée à créer un tel festival, Karel Quistrebert le doit à son éducation. « Si, pour beaucoup, les réalisateurs que j’apprécie sont morts, je m’intéresse à tout. Mes parents m’ont transmis la passion du cinéma très jeune. Chez moi, il n'y avait jamais de censure. Mon père me montrait des films de John Wayne, Clint Eastwood, Lino Ventura ; et ma mère m’emmenait toujours au cinéma avec elle car ca lui permettait d’avoir des places à prix réduit ! »

« Partager mes connaissances »

C’est donc en toute logique qu’après un bac option cinéma, Karel Quistrebert intègre directement le milieu du 7e art. « J’ai rejoint la Cinémathèque de Grenoble en 1998 pour le Festival du court-métrage, puis ensuite le Ciné-Club de Grenoble. Parallèlement, je me suis aussi essayée à la réalisation, mais j’ai vite compris que ce qui me faisait vibrer, c’était de partager mes connaissances. » C’est alors qu’elle a l’idée de proposer à l’équipe du Ciné-club des séances dédiées aux films de genre. Une initiative originale qui, pourtant, ne rencontre pas un grand succès au début. « Puis, un jour, on a fait une séance avec Nanarland [site grenoblois créé en 2001 et spécialisé dans les « mauvais films sympathiques » – NDLR], sous forme d’événement et ça a fonctionné. Pour que ça marche, il fallait créer l’événement. »

Et voilà qu’en 2009, avec le soutien, entre autres, de Pierrette Amiot, directrice du Ciné-Club, les Maudits Films, « festival de cinéma bis, de la série B à la série Z », sont lancés. Et bien qu’ils séduisent les amateurs, ils font face à quelques réticences. « Pour certains, c’était le festival des mauvais films sous prétexte que chaque année, il y avait un nanar dans la programmation. Trop souvent, on a tendance à catégoriser les réalisateurs sans connaître toute leur filmographie. » Karel Quistrebert insiste donc pour programmer des œuvres qui détonnent dans la filmographie des cinéastes. « Cette année par exemple, mercredi, on passera Péché mortel, un film noir du réalisateur de films mélodramatiques John M. Stahl. Et vendredi, Angoisse, seul film d’horreur de Bigas Luna [réalisateur espagnol qui a notamment révélé Javier Bardem et Penélope Cruz – NDLR]. »

« C’est ça un festival ! »

Les Maudits films est donc un festival centré sur un cinéma hors des sentiers battus, et en toute logique, l’ambiance s’en ressent dans la salle. « L’événement séduit un public bien précis : celui qui aime le cinéma de partage, être dans une salle noire, écouter les réactions de chacun, applaudir à la fin d’une séance. C’est ça un festival ! C’est quelque chose qu’on ne retrouve pas dans une salle classique. » Un public qui aime également les surprises. « Parfois, on n’est pas au courant de ce qui se trouve dans les pellicules, souvent anciennes. On ne sait pas toujours si c’est en VF ou en VO, ou si le film va couper. Ce sont des aléas qui donnent du charme au festival. »

Un festival créé donc par une amoureuse du cinéma qui, pourtant, après cette dixième édition, passera le relai. Car Karel Quistrebert va se lancer dans un nouveau projet, tout aussi original que ces Maudits Films. « Je vais créer un festival pour les collégiens, entre 12 et 16 ans. Le but est de montrer des films qui ne sortent pas sur les écrans français, des films fantastiques, des mangas et des films d’animation. Le tout pour découvrir un autre humour, une autre manière de fonctionner et surtout pour ouvrir l’esprit. » Même si on a dépassé depuis longtemps l'âge d'être au collège, on dit oui tout de suite.

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