Concert / Critique du premier album de Calypso Valois, baptisé "Cannibale", avant son passage par la Maison de la musique de Meylan le vendredi 9 mars à 20h30.
On aurait vite fait d'enfermer Calypso Valois, prénom de nymphe, nom grand-maternel plein de noblesse, dans ce cercle familial quelque peu oppressant ou ce réseau d'influences piégeux qui est le lot des fils et filles de. Mais ce serait ignorer l'écoute de son album Cannibale écrit et composée par elle seule, avec certes l'excellent Yan Wagner à la réalisation et Jean-Louis Piérot au mix. Un album qui, comme l'annonce son titre, se révèle vorace tant il semble vouloir se mettre sous la dent tout ce que la pop, française mais pas seulement, compte de variations, d'esthétiques, d'approches – en tirer une seule du lot serait comme tenter de jouer au mikado avec les composantes d'un disque qui vaut davantage que la somme de ses parties, en dépit de titres phares comme Le Jour, Vis-à-vis, Apprivoisé et bien sûr Cannibales (au pluriel, cette fois).
En d'autres termes : on va ici un peu plus loin, sans pour autant la renier, que la synth-pop à laquelle on avait assigné Calypso Valois sur la foi d'une poignée de singles et, il faut bien le dire, de sa filiation. On y trouve pourtant une certaine constante : un côté obscur assumé, décliné à l'envi sur tous les tons de l'inquiétante étrangeté, de la fascination pour le crime et l'amour à mort qui bouffe et fait bouffer. Mais aussi, cela va peut-être de pair, une inclination franche, en plus de la musique classique dont elle se repaît depuis la petite enfance, pour les univers cinématographiques parfois eux-mêmes bien distants les uns des autres des BO – de John Barry au cinéma bis des années 1970. Ce que ne font que confirmer les clips de la jeune femme qui, non contente de se sulpter une jolie carrière de comédienne (Assayas, Gondry, Corsini, Fiennes), officia un temps au sein d'un duo baptisé Cinéma : celui d'Apprivoisé réalisé par Bertrand Mandico, réalisateur des Garçons sauvages, dinguerie récemment sortie sur grand écran, ou celui de Le Jour, confié aux bons soins de Christophe Honoré.
De tout cela pourtant, comme de l'héritage familial, Calypso Valois ne semble pas vouloir accabler ses épaules, pourtant solides. Parce qu'à l'image de l'homme-oiseau du clip de Mandico et des paroles qui vont avec, la jeune femme semble « impossible à apprivoiser ». Et bien décidée à prendre son étrange envol.
Calypso Valois (+ La Marine)
À la Maison de la musique de Meylan vendredi 9 mars à 20h30