Et notamment le responsable du festival grenoblois Holocène, potentiellement l'un des plus impactés par la décision de Laurent Wauquiez.
Comme nous l'expliquions début mars, la Région Auvergne-Rhône-Alpes et son président Laurent Wauquiez ont annoncé que Tomorrowland, l'un des plus gros festivals électro du monde basé à Anvers, installerait du 13 au 15 mars 2019 une édition hivernale à l'Alpe d'Huez. Et ce avec 400 000 euros de subvention. Une décision à laquelle ont souhaité réagir de nombreux acteurs culturels régionaux évoluant dans les musiques actuelles, via une lettre ouverte publiée vendredi 16 mars sur notre site et largement lue et partagée depuis.
À Grenoble, l'un des signataires les plus impactés est le producteur privé le Périscope qui, depuis l'an passé, organise début mars avec la société Allo Floride le festival Holocène, dédié aux musiques actuelles – et donc en partie à l'électro (la photo qui illustre cet article a été prise à Alpexpo lors de la grosse soirée électro du 3 mars). Son boss Sylvain Nguyen est, comme beaucoup de professionnels du secteur, qu'ils soient privés ou associatifs, dépité par cette nouvelle « apprise par voie de presse » qui le place en concurrence directe avec Tomorrowland (l'Alpe d'Huez et Grenoble ne sont pas si loin). « On a tenté d'en savoir plus avec les responsables du service culture de la Région, mais eux-mêmes ne sont pas au courant. Ça ressemble fortement à une initiative personnelle prise sans même avoir un œil sur ce qu'il se passe autour. »
Concrètement, même si « bien sûr la concurrence fait partie de la vie des entreprises », Sylvain Nguyen déplore que « dans un contexte où la Région nous vante la préférence régionale, avec bien sûr toutes les dérives que cela peut engendrer, il est incompréhensible que cette même Région finance un acteur privé étranger et bénéficiaire à hauteur de 400 000 euros, ce qui est une somme conséquente surtout quand bon nombre de structures locales voient leurs subventions baisser » (même si lui n'est pas aidé par la Région, qui n'a jamais répondu à ses demandes).
Du coup comment voit-il l'avenir de son festival, qu'il comptait développer avec plusieurs grosses soirées électro à Alpexpo ? « C'est à nous de trouver des solutions pour rebondir. On ne manque pas ni d'idées, ni de savoir-faire, ni d'envie et ni de courage ; on manque juste de moyens ! » Comme beaucoup de monde en Auvergne-Rhône-Alpes à en croire les signataires de la tribune, qui assurent pourtant « faire partie de la richesse et la diversité culturelle de la région ». Ils terminent ainsi leur texte avec une demande on ne peut plus simple : « Nous vous interpellons aujourd'hui, élus du conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes, pour vous rappeler d'avoir confiance en ces milliers d'hommes et de femmes du territoire qui travaillent pour que la région rayonne aussi par sa richesse culturelle. »