"La Soif du mal" : Orson Welles à la frontière du bien et du mal

Le Ciné-Club de Grenoble programme ce chef-d'œuvre mercredi 25 avril. Et inaugure par là même un cycle consacrée à la corruption.

Tout commence avec le plus long plan-séquence à la grue de l'histoire du cinéma. Nous sommes à Los Robles, ville frontalière entre les États-Unis et le Mexique. Une bombe est déposée dans le coffre de la voiture d'un notable d'un côté de la frontière, elle explose de l'autre. L'enquête qui s'ensuit nécessairement oppose deux policiers, deux versions différentes de la Justice : Vargas (Charlton Heston), haut fonctionnaire de la police mexicaine en voyage de noces avec sa jeune épouse américaine (Janet Leigh), flic intègre, beau jeune homme amoureux ; et Hank Quinlan (Orson Welles), peu amène vis-à-vis de ce fringant étranger, flic pourri prêt à toutes les bassesses pour arriver à ses fins (quitte à fabriquer lui-même ses propres vérités).

Le rythme de La Soif du mal (quel titre !) est celui de la précision maniaque de son auteur et interprète Orson Welles : tout est millimétré dans ce jeu de longues prises compliquées et de flashs rapides et violents. Welles signa ainsi en 1958 ce long-métrage dans un genre que, pourtant, il méprisait, usant de ses codes pour mieux les retourner et les détourner. Et dans la matière d'un sujet en apparence anodin, il modela une très grande œuvre baignée de manichéisme tournée presque entièrement de nuit, d'où la densité sombre et oppressante. Le visage de Welles, dans la peau (ou la crasse, la graisse et la vilénie) du repoussant Quinlan, n'en est que plus impressionnant : jouant sur les proportions de son propre corps, le personnage est immense, dans tous les sens du terme. Et le réalisateur aussi.

Un film qui ouvre le cycle "Corruption" que le Ciné-Club proposera jusqu'à la fin du mois de mai avec, dans l'ordre de projection, du Francesco Rosi, du Akira Kurosawa et du Mauro Bolognini

La Soif du mal
Au cinéma Juliet-Berto mercredi 25 avril à 20h

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