Constance Larrieu : « Parler de l'orgasme comme d'un vrai thème scientifique »

La Fonction de l’orgasme

Le Pot au Noir

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Théâtre / "La Fonction de l’orgasme", c’est un seule-en-scène de la comédienne et metteuse en scène Constance Larrieu inspiré par les écrits de Wilhelm Reich, psychanalyste autrichien de la première moitié du siècle dernier qui s’intéressa à la sexologie. Et c’est, surtout, une sorte de savoureuse conférence théâtralisée sur l’orgasme abordé de diverses manières, et souvent avec humour. On en parle avec Constance Larrieu avant son passage mi-mai par le Nouveau Théâtre Sainte-Marie-d’en-Bas et le Pot au noir.

Comment avez-vous eu l'idée de faire un spectacle sur l’orgasme ?

à lire aussi : Une "Fonction de l'orgasme" pour le plaisir

Constance Larrieu : Quand j’étais élève à l’École régionale d'acteurs de Cannes, je travaillais déjà sur les questions liées au désir, aux rapports amoureux, et aussi sur Sarah Kane. Un intervenant m’a alors conseillé de lire La Fonction de l’orgasme de Wilhelm Reich. J’ai trouvé ça un peu bizarre comme proposition – est-ce qu’il pense que j’ai des problèmes sexuels ?!

Mais j’ai lu livre, et ai finalement trouvé ça génial ! J’ai décidé d’en faire quelque chose au théâtre comme c’est un thème qui est très peu traité ; et quand il l’est, la sexualité est souvent abordée de manière un peu grivoise. L’idée était d’en parler comme d’un vrai thème scientifique…

Et ainsi le considérer comme un « objet légitime de recherche » comme vous le dites sur scène…

Oui. Tous les scientifiques qui, au fil des ans, se sont penchés sur la question ont souvent été décriés – certains se sont même fait virer des universités dans lesquelles ils travaillaient quand ils ont choisi de prendre l’orgasme comme un objet d’étude.

J’avais envie de montrer que, théâtralement, c’est un véritable sujet à prendre à bras-le-corps alors même que la sexualité est partout – dans les magazines, à la télé… –, souvent d’ailleurs sous forme de pornographie ou de manuel d’éducation sexuelle très simpliste. Ce qui est intéressant avec Reich, c’est qu’il pose l’orgasme comme un projet politique et sociologique : si la satisfaction intime était répandue, il y aurait moins de problèmes dans la société.

Votre spectacle a des allures de conférence. Comment avez-vous travaillé pour que le rendu ne soit pas trop didactique ?

Avec Didier Girauldon, le co-metteur en scène, on s’est vraiment dit qu’on allait parler aux gens de manière frontale en livrant des faits historiques et scientifiques. Pour, ensuite, glisser petit à petit dans un monologue théâtral avec une implication physique importante, notamment en exploitant théâtralement tous les matériaux que nous avions à disposition : les schémas du livre, qui sont quand même très poétiques avec leurs images étranges auxquelles on a cherché des équivalents scéniques, mais aussi les interviews que l’on a menées avec des spécialistes d’aujourd’hui pour actualiser le propos. Et ainsi, sur scène, équilibrer les voix…

Le spectacle s’écarte aussi de la stricte conférence grâce à l’humour…

Oui. L’orgasme n’est pas un sujet qui est forcément facile à aborder pour tout le monde. En passant par le rire, on peut donner des informations importantes et nécessaires qui seraient sans doute plus difficiles à faire passer dans un monologue hyper sérieux.

D’autant plus que le langage psychanalytique de Reich, que l’on a tout de même réécrit, est assez dense, et a donc besoin de ça pour passer au plateau. Sans tomber bien sûr dans l’extrême inverse en le rendant grivois voire salace.

Et, au fait, qui était Wilhelm Reich ?

C’était un élève psychanalyste de Freud, qui officiait avec lui à Vienne. Il a beaucoup travaillé dans la lignée de Freud avant de développer ses recherches. Pour Freud, l’orgasme féminin était vraiment un véritable continent noir limite effrayant. Reich, même si on ne peut quand même pas dire qu’il était féministe, a lui poussé les choses.

C’est grâce à Reich qu’on a commencé à s’intéresser aux thérapies psychocorporelles et, plus tard, à la sexologie. Il a vraiment été un précurseur car, pour lui, ce qu’il appelle les névroses caractérielles, tout ce qui était plutôt de l’ordre de la névrose psychanalytique, pouvaient être traitées par le corps. Il pensait qu’en rétablissant le réflexe orgasmique, on allait pouvoir guérir les névroses sociales.

La Fonction de l’orgasme
Au Pot au noir (Saint-Paul-lès-Monestier) samedi 12 mai à 20h30
Au Nouveau Théâtre Saint-Marie-d’en-Bas lundi 14 et mardi 15 mai à 20h

pour aller plus loin

vous serez sans doute intéressé par...

Lundi 30 avril 2018 Critique du spectacle que la metteuse en scène et comédienne Constance Larrieu présentera  samedi 12 mai au Pot au noir (Saint-Paul-lès-Monestier) et lundi 14 et mardi 15 mai au Nouveau Théâtre Saint-Marie-d’en-Bas...

restez informés !

entrez votre adresse mail pour vous abonner à la newsletter

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X