Festival / Du mardi 3 au samedi 7 juillet, la place Saint-André sera, pour la 41e année consécutive, illuminée par le Festival du film court en plein air de Grenoble organisé par la Cinémathèque et sa directrice Peggy Zejgman-Lecarme. Interview.
Le festival promouvra cette année « la création, la jeunesse et la vitalité d'un cinéma contemporain ambitieux et engagé ». C'est-à-dire ?
Peggy Zejgman-Lecarme : Avant tout, les propositions doivent parler au plus grand nombre tout en étant qualitatives et doivent être des films avec lesquels les cinéastes se sont fait plaisir. Côté style, sur les 2400 productions envoyées, il y a très peu de comédies, comme chaque année, mais plus de drames, de tragédies, de films sociaux, témoins de ce qu'est la société d'aujourd'hui.
L'année dernière, les sujets touchaient aux migrations et aux migrants. Cette année, ça parle de leurs intégrations, comme par exemple Abu Adnan de Sylvia Le Fanu en ouverture. La condition des femmes revient aussi dans les propositions comme Même pas mal, petit animal de Juliette Kempf sur l'histoire d'une mère célibataire qui veut organiser elle-même l'anniversaire de son enfant et qui doit en même temps répondre à une commande urgente en graphisme.
D'autres films à nous conseiller avant de poursuivre ?
C'est difficile, je les aime tous ! Mais je vais essayer de faire une petite sélection. On est par exemple très fiers de présenter des films locaux comme Africa de Naïm Aït-Sidhoum tourné à la Villeneuve ou encore nos films de genre. On n'en a pas sélectionné 15 000 mais je pense à Livraison de Steeve Calvo tourné a priori en Camargue.... Niveau animation, il ne faut pas manquer Raymonde ou l'évasion verticale de Sarah Van Den Boom ou (Fool Time) Job de Gilles Cuvelier.
Depuis 41 ans, le festival fait connaître le court-métrage, notamment par le plein air. Pourquoi tenez-vous tant à ce format ?
Les séances sur la place Saint-André tous les soirs à 22h sont le cœur de notre festival. C'est une forme qui permet d'avoir un public toujours différent ; des passionnés sur leur chaise, toujours très en avance, mais aussi des curieux qui passent, ou encore des gens qui boivent des coups sur les terrasses alentour. Ça devient un véritable objet social et artistique au cœur de la vie publique !
Quelles spécificités trouvez-vous dans le mode d'expression artistique qu'est le court-métrage ?
Pour moi, le court-métrage a le même fonctionnement qu'un haïku [petit poème japonais – NDLR]. C'est-à-dire qu'il a la même difficulté et la même richesse. Je trouve passionnante cette économie de la narration qui demande un vrai exercice de style et de mise en scène.
Et puis, il y a nécessairement des histoires qui sont faites pour être racontées sur un format court ! Par exemple, Icare de Nicolas Boucart, film avec lequel on va terminer la programmation plein air, a un format parfait par rapport à ce qu'il raconte et on n'a pas du tout l'impression que c'est une histoire réalisée en 15 minutes parce que le réalisateur n'arrivait pas à faire autrement...
Le festival, qui est le plus ancien rendez-vous consacré au film court en France, a réussi à se forger une belle réputation dans le paysage cinématographique français. Comment l'imaginez-vous évoluer pour les prochaines années ?
Il se porte bien, rien à dire ! Et on a fait une belle édition l'année dernière, avec plus de 10 000 personnes. Ce qui est assez enthousiasmant. On souhaite maintenant consolider ce qui existe et, à l'avenir, proposer peut-être des séances dans l'agglo grenobloise voire dans le département. On veut aussi continuer à faire un travail avec les scolaires qui sont toujours très nombreux, puisqu'il y en a 500 cette année. J'aimerais par exemple développer une partie "éducation à l'image" autour du festival avec les établissements scolaires.
Festival du film court en plein air de Grenoble
Sur la place Saint-André, à la Maison de l'international, à la Cinémathèque, au cinéma Juliet-Berto et au Club du mardi 3 au samedi 7 juillet