Concert / Avec son second album "L'Oiseleur", successeur de l'acclamé "Ici le jour (a tout enseveli)" qui les révéla en 2015, le groupe Feu! Chatterton fait plus que confirmer son grand talent pour une pop ouvragée et poétique. Ils seront sur la scène de la Belle électrique ce dimanche 7 octobre.
Il y a quelques années, lorsque le jeune quintet Feu! Chatterton est venu embraser autant que scotcher le paysage parfois morne de la chanson-pop française avec son EP éponyme puis l'album Ici le jour (a tout enseveli) qui lui succéda, beaucoup ont ressenti un choc. Une brûlure effective même : celle de leur pop savante au contact de la poésie brûlante des textes d'un des leurs (Arthur Teboul) agitant le linceul des grands paroliers au panthéon des Lettres chantées – depuis quand n'avait-on entendu pareil lyrics que celles de Côte Concorde, métaphore maritime d'une vieille Europe naufragée.
Politique, poétique, romantique, mélancolique, sujet aux pulsions de mort mais animé d'une force vitale inégalée : ainsi s'imposait Feu! Chatterton. Et c'est peu dire qu'il était à peu près aussi attendu au tournant, et sans mauvais jeu de mots, que le Costa Concordia lancé vers le rivage. Or ce virage, le groupe parisien n'a pas attendu pour le négocier, refusant de laisser retomber la poussière au risque d'y découvrir un paysage dépourvu d'idées.
Chaudron musical
Immédiatement après sa longue tournée achevée par une halte au sommet de l'Olympia, Feu! Chatterton a rallumé la mèche de l'inspiration et fait ruisseler ses accès d'inspiration à coups de transpiration, cherchant tant et plus, arpentant les lisières ténues qui séparent l'épure et le foisonnement, les territoires vierges et la forêt dense.
Une fois de plus, le résultat, s'il est plus lumineux que par le passé, est toujours aussi tellurique, fait d'entrechoquements permanents : entre le texte et la texture sonore, la poésie (Apollinaire sur Souvenir, Éluard sur Le Départ) et la pop comme sur le titre le plus représentatif de l'album, ce Zone Libre qui convoque Aragon sur le dancefloor.
Où la sophistication et le lyrisme des notes et des mots tapent directement, beauté du paradoxe Feu! Chatterton, au niveau du cerveau reptilien comme ils massent le néocortex, invitent au voyage autant qu'à l'introspection, à la transe autant qu'à l'exigence, porté par l'interprétation (de plus en plus) exceptionnelle de Teboul. Un groupe de très haut niveau dont les préférences musicales diverses se fondent dans le chaudron musical collectif et des arrangements qui oscillent entre classicisme à cordes, pas de côté hip-hop et une certaine idée d'un psychédélisme inflammatoire. Le feu sacré brûle toujours.
Feu! Chatterton (+ Terrenoire)
À la Belle électrique dimanche 7 octobre à 20h