Djazia Satour : « Donner une vraie place aux musiques traditionnelles arabes »

Djazia Satour + Säman

La Source

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Concert / En 2014, à l'écoute du premier album solo de la Grenobloise Djazia Satour, nous fûmes conquis. Et avions alors accordé une "une" enflammée à cette artiste que nous adorons depuis longtemps au PB. Autant dire que nous attendions avec impatience de pouvoir écouter son nouvel album "Aswât", qui sortira le 26 octobre. Une deuxième réussite, cette fois-ci chantée tout en arabe, qu’elle dévoilera en avant-première samedi 13 octobre sur la scène de la Source. Alors interview.

Alwâne (2014), votre précédent album, avait plusieurs couleurs musicales, avec notamment des chansons en anglais et d’autres en arabe. Aswât, qui lui fait suite, semble plus uniforme à l’écoute…

à lire aussi : "Aswât" : pop méditerranéenne signée Djazia Satour

Djazia Satour : Oui, tout à fait, car le disque est entièrement chanté en arabe, ce qui est pour moi un tournant. C’est quelque chose que je voulais faire depuis très longtemps. Et ça a du sens maintenant car l’autre fil conducteur de ce disque, c’est la présence d’instruments traditionnels algériens autrement que par des samples comme j’ai pu le faire par le passé. Il y a du coup une véritable influence des musiques traditionnelles algériennes dans l’album, grâce à cette matière brute et directe obtenue avec le banjo, le mandole, le violon – des instruments typiques du chaâbi algérien – ou encore le bendir et plusieurs autres sortes de percussions.

Certes, j’ai toujours été influencée par les musiques arabes et algériennes en particulier, mais là, je leur donne une vraie place. Avec l’idée de les mélanger avec d’autres musiques plus anglo-saxonnes – car ce n’est pas un disque de musiques traditionnelles. D’où un résultat plus marqué au niveau de l’identité musicale, plus cohérent. Comme une sorte de retour aux sources qui s’est manifesté de manière inattendue pendant la composition.

à lire aussi : 30 concerts (oui, 30) pour un automne musicalement parfait (et varié)

C’est-à-dire ?

Pour la petite histoire, j’étais, un soir, en train de chercher une mélodie sur une valse à trois temps, tout ce qu’il y a de plus classique et français ! À ce moment-là, une mélodie m’est arrivée : elle sortait tout droit du registre modal du chaâbi algérien, et algérois en particulier. Ça m’a vraiment étonnée : c’est comme s’il y avait eu une réminiscence.

La chanson s’appelle Loun Lyam, elle est dans l’album aujourd’hui, et c’est la première que j’ai composée. Je me suis alors dit que ça allait être l’angle de l’album : arriver à trouver la petite magie pour mélanger des couleurs et des directions a priori très opposées.

La production a aussi été différente pour cet album…

Oui. Celle du disque précédent avait été confiée à deux réalisateurs, avec l’envie de donner les chansons que j’avais écrites à des gens extérieurs pour qu’il y ait du nouveau, qu’on me propose des choses auxquelles je n’avais pas pensé. Alors que cet album-là, j’avais vraiment envie de le maîtriser jusque dans les moindres détails de l’écriture, de la composition et des arrangements.

Quels liens entretenez-vous avec la tradition musicale arabe, et notamment algérienne ?

Quand j’étais petite en Algérie, mes parents écoutaient de la musique arabe et algérienne, donc mon enfance a été traversée par la musique arabo-andalouse, la musique chaâbi, la musique orientale… Après, à l’adolescence, période où l’on se détache complètement de la musique de nos parents, j’écoutais énormément de musiques anglo-saxonnes. Mais la musique arabe est toujours restée dans mon histoire, ce que je n’avais jamais intellectualisé avant de faire ce disque.

Il y a des choses très traditionnelles et très typiques qui ressortent aujourd’hui qui me semblent très familières. Je pense par exemple à des rythmiques de bendir sur la chanson Chouf Ellil. Des rythmiques que je connais par cœur et qui sont revenues de manière très naturelle. C’est comme une petite malle aux trésors restée enfouie en moi, qui a influencé mes créations précédentes et que j’ouvre véritablement aujourd’hui.

Djazia Satour + Säman
À la Source (Fontaine) samedi 13 octobre à 20h30

pour aller plus loin

vous serez sans doute intéressé par...

Mardi 4 janvier 2022 [CONCERT REPORTE AU 18 FEVRIER] On a compté : depuis 2009, le PB a consacré plus d’une douzaine d’articles (une moyenne d’un papier par an) à Djazia (...)
Mardi 23 juin 2020 Après une fin de saison largement amputée du fait de l’épidémie de coronavirus qui a contraint le monde culturel à se mettre en pause dès la mi-mars, les salles de spectacles de l’agglomération grenobloise se tournent vers l’avenir. Et ont, pour la...
Mercredi 19 juin 2019 En dépit de sa jeunesse (c'est sa 5e édition), le Vercors Music Festival sait déjà attirer les grands noms autour d'une ligne qui mêle le populaire et la découverte, l'exploration de la chanson française et l'expression multiculturelle et...
Mardi 22 décembre 2015 2015 aura été marquée par l'ouverture d'une nouvelle salle à Grenoble et la confirmation du talent d'une artiste que l'on suit depuis longtemps au Petit Bulletin.
Mardi 17 février 2015 "– Djazia Satour, elle fait de la musique du monde, non ? – Non, pas vraiment. – Mais pourtant, elle est algérienne et chante parfois en arabe. – Oui, (...)
Mardi 17 février 2015 La Grenobloise Djazia Satour, ancienne chanteuse du trio de trip hop (mais pas que) MIG, débarque enfin avec un premier album solo baptisé "Alwane" – "couleurs" en arabe. Une réussite dans laquelle sa voix saisissante et protéiforme se confronte à...
Lundi 12 mars 2012 On a déjà eu plusieurs fois l’occasion de dire tout le bien qu’on pense de Klami, premier LP en solo de Djazia Satour, revenue de l’expérience MIG pour (...)
Jeudi 9 juin 2011 Mardi 21 juin, à Grenoble, dans l’agglo et a priori un peu partout en France si nos sources sont justes, ce sera la trentième édition de la Fête de la Musique. Pour l’occasion, on vous a concocté un parcours aux petits oignons, avec tout de même...
Lundi 4 avril 2011 On vous a déjà dans ces pages vanté les mérites artistiques de Djazia Satour, sa voix, ses nouvelles compos chatoyantes sur son dernier maxi autoproduit (...)
Lundi 22 novembre 2010 On avait sournoisement profité de son passage sur la scène d’Uriage en voix début septembre pour demander à Djazia Satour quand est-ce qu’elle comptait sortir (...)
Jeudi 28 mai 2009 Après deux ans d’absence scénique, Djazia Satour, reconnue pour ses saisissantes performances vocales au sein du groupe MIG, débarque sur la scène du Théâtre 145 avec sa nouvelle formation et son nouveau répertoire. L’occasion de se pencher sur le...
Jeudi 28 mai 2009 Entretien avec Djazia Satour, autour de son virage artistique et de la construction de son nouveau répertoire. Propos recueillis par François Cau
Jeudi 28 mai 2009 Sélection / Djazia nous présente quelques-unes des influences, conscientes ou non, de ses dernières compositions. FC

restez informés !

entrez votre adresse mail pour vous abonner à la newsletter

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X