Jérôme Kircher : « Un "Monde d'hier" pour rendre physique la pensée de Stefan Zweig »

Le Monde d’hier

MC2

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Théâtre / Après un premier passage la saison dernière, "Le Monde d’hier" est de retour à la MC2 qui a donc eu l’excellente idée de reprogrammer ce spectacle sobre mais puissant basé sur l’autobiographie-testament du fameux écrivain autrichien Stefan Zweig (1881–1942). Jérôme Kircher, qui porte cette aventure seul au plateau, nous en dit plus.

« C’est important de dire ce texte maintenant. D’abord parce qu’il est très beau ; tout ce que Stefan Zweig décrit sur la vie artistique de la fin du XIXe siècle à Vienne, je trouve ça magnifique. Ensuite parce que ce qu’il raconte peut faire penser à aujourd’hui, avec la montée des nationalismes partout… Zweig montre parfaitement comment tous ces gens très intelligents et très engagés dans leur vie artistique et culturelle n’ont rien vu venir. » Si les mots de l’homme de lettres autrichien ont 75 ans, ils sont toujours aussi pertinents nous assure le comédien Jérôme Kircher qui les livre seul sur scène, avec intensité dans une mise en scène pourtant sobre.

« Pour que ça soit puissant, je ne voulais surtout pas jouer un personnage, je me suis interdit d’incarner Zweig. L’idée, c’était de ne pas faire de théâtre du tout mais de plutôt rendre physique sa pensée. Je pense que c’est ça que les spectateurs aiment bien : ils ne voient pas un acteur qui joue mais un acteur qui pense. »

« 10% du livre »

Car oui, le spectacle plaît visiblement au public vu qu’il va bientôt approcher les 300 représentations en trois ans. « Les fans de Zweig s’y retrouvent, même si peu de fans de Zweig connaissent ce livre. Et ceux qui ne connaissaient pas Zweig plus que ça me disent souvent qu’ils ont maintenant envie de le lire. » Logique, les mots et les réflexions de l’auteur de La Confusion des sentiments, de Vingt-quatre heures de la vie d'une femme ou encore du Joueur d'échecs sont d’une réelle acuité (« Pour la première fois j'observais la folie pureté de la race, cette peste qui est devenue plus fatale à notre monde que la véritable peste dans les siècles passés ») qui, ici, nous parvient grâce au découpage effectué.

« Laurent Seksik est un romancier qui connaît très bien Zweig – il a d’ailleurs écrit ce qu’il appelle la suite du Monde d’hier, entre le départ de Londres de Zweig et sa mort au Brésil. Pour le spectacle, il nous a fait un montage prenant en compte mes désirs – j’avais très envie que ça parle de la deuxième partie et de la montée du nazisme – et les siens – lui voulait plutôt parler de la première partie. Ensuite, avec Patrick Pineau qui a co-mis en scène le spectacle avec moi, on a retravaillé les phrases pour que tout soit bien lié, qu’on n’ait pas l’impression que ce soit un montage de 10% du livre. » En découle un monologue humble dans la forme (tout juste 1h10) centré, donc, sur l’un des plus grands auteurs du siècle dernier. À (re)voir, vraiment.

Le Monde d’hier
À la MC2 du jeudi 15 au samedi 17 novembre

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