de et avec Kheiron (Fr., 1h40) avec également Catherine Deneuve, André Dussollier...
Recueilli jadis par Monique (Catherine Deneuve), Waël (Kheiron) est devenu dans la cité un prince de l'embrouille et de la tchatche, sans perdre son bon fond. Mais un jour, l'une de ses victimes (André Dussollier), par ailleurs vieille connaissance de Monique, le recrute comme éducateur. Waël va faire des miracles...
Après Nous trois ou rien, cette deuxième réalisation de Kheiron entremêle deux récits aux styles très distincts : l'un censé retracer la petite enfance cahoteuse de Waël, jusqu'à son adoption puis son exil, possède des accents dramatiques et symboliques qui ne dépareraient pas la sélection d'un grand festival ; l'autre jouant sur la comédie urbaine, conjugue le tac-au-tac begaudeau-gastambidien du dialogue à une romance tendre pour cheveux gris. Un attelage dont le baroque rivalise avec celui de la distribution mais qui prouve sa validité par l'exemple : Deneuve en bonne sœur retraitée et délurée trouve là un de ses meilleurs emplois depuis fort longtemps, et forme avec Dussollier, merveilleux de bienveillance embarrassée, un couple convaincant.
Quant à la troupe de jeunes pousses sur la mauvaise pente que Waël va replanter dans le droit chemin à sa tortueuse manière, si elle compose une mosaïque crédible de situations ordinaires de déshérence et prête souvent à rire, elle ne choit jamais dans la caricature stérile : les problématiques rencontrées (trafic de drogue, chantage sur mineur, pédophilie, précocité intellectuelle, difficultés relationnelles et/ou d'intégration...) sont certes graves mais le verbe direct et les répliques, déliées. Les ados de la distribution contribuent largement à leur impact ; même si l'on n'atteint pas la débordante invention langagière de À genoux les gars, l'oreille prend autant de plaisir que l'œil devant cette comédie sociale positive et franchement drôle.