Girls in Hawaïï : vers les lueurs

Concert / Après quatre ans d'absence et un album, sublime, consacré à la douleur de la perte d'un de ses membres, le groupe belge Girls in Hawaïï renaît une fois de plus à lui même. Et retrouve la lumière en se tournant vers l'électronique et un rien d'abstraction. Il sera vendredi 30 novembre à la Belle électrique.

La dernière fois qu'on avait eu affaire à Girls in Hawaii, ceux-ci nous avait livré un album de deuil, celui de Denis Wielemans, batteur du groupe et frère du chanteur. À voir débarquer l’an passé ce Nocturne, on s’est dit, sur la foi de son titre, qu'il s'agissait ici d'en prendre la suite. Surtout quand sur This Light, élégiaque ouverture du disque, le groupe répète « Keep your distance from this light », celle qu'on verrait, blanche, au bout du dernier tunnel.

Et pourtant, un autre genre de lumière est venu rapidement contredire ce titre et celui d'un album plein de couleurs. Le même genre de lumière que celle de l'étoile filante qui éclaire la nuit sur la peinture naïve (une toile du peintre britannique Tom Hammick) qui orne la pochette du disque. À moins qu'il ne s'agisse, suivant l'interprétation qu'on en fait, d'un volcan en éruption.

Dans les deux cas, une manière brute et poétique d'éclairer la nuit, de l'embraser, et peut-être même de l'embrasser, d'en accepter l'augure. De se livrer à une métamorphose aussi, d'accomplir un souhait comme on en fait au passage d'une étoile filante, d'entrer en éruption, comme on crèverait le toit de l'Everest (le titre du précédent album de deuil suscité). Car ce Girls in Hawaii que l'on récupère ici, n'est pas tout à fait celui que l'on a laissé il y a cinq ans.

Aggiornamento

Il n'y a pas que la lumière qui entre ici à nouveau dans des compositions reconnaissables entre mille par cette manière languide d'être à la musique, cette geste toujours un peu hypnotique, et pourtant métamorphosée : il y a aussi cette ouverture totale à l'électronique, à ces claviers qui viennent napper les toujours scintillants (mais rares) arpèges du groupe belge (Guinea Pig), à ces rythmiques têtues et assourdies.

Un véritable aggiornamento esthétique qui voit le groupe tantôt convoquer un nouvel ordre électro-pop plus dansant que jamais (Walk, très New Order), tantôt déambuler sur des terres autrefois parcourues par Radiohead à l'entame de sa marche vers l'abstraction, lorsque Thom Yorke, lui aussi, avait vu la lumière. Sur un titre comme Cyclo, entre autres, le mimétisme vocal d'Antoine Wielemans avec ce dernier est frappant.

Le morceau porte, c'est sans doute une coïncidence, si telle chose existe, le titre du film qui avait ressuscité le Creep du groupe d'Oxford, relançant sa carrière. Quoi qu'il en soit avec ce Nocturne qui s'achève sur une colline, Up on the hill, et sur le constat d'une société en vrac, Girls in Hawaii s'offre, si ce n'est une résurrection, du moins une belle transfiguration.

Girls in Hawaii
À la Belle électrique vendredi 30 novembre à 20h

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