Exposition / Pour "Nos mémoires vivent", la Bibliothèque d'étude et du patrimoine de Grenoble a invité deux photographes contemporains (Stéphanie Nelson et Alexis Bérar) à imaginer un dialogue entre leur travail et le fonds d'archives photographiques municipal. Vivifiant !
À l'ère de la dématérialisation numérique, il se développe chez les artistes contemporains un goût certain pour les archives physiques dans lesquelles ils aiment plonger pour mieux interroger le présent. Bien que les photographes Stéphanie Nelson et Alexis Bérar ne soient pas familiers de cette pratique, l'invitation qui leur a été faite de travailler à partir des archives photographiques de la Bibliothèque d'étude et du patrimoine (le gros paquebot en face du cinéma Chavant) a tout de suite suscité leur enthousiasme. Pas étonnant, car leur approche et leur sensibilité résonnent judicieusement avec ces images d'un autre temps.
Stéphanie Nelson, dont l'objectif ausculte l'intimité familiale, a ainsi fouiné dans ces archives comme un enfant dans un vieux grenier à la recherche de souvenirs d'un temps révolu. À la manière d'une frise chronologique, elle superpose ses propres images à des photographies de famille extraites du fonds. Engageant une réflexion sur la mémoire et le rôle que la photographie joue dans la transmission de celle-ci, elle témoigne de la permanence des rituels sociaux et familiaux à travers les âges.
Archives 2.0 ?
De son côté, Alexis Bérar choisit de faire dialoguer, dans de subtils rapprochements formels, ses images avec celles consacrées au territoire alpin et à son exploration. Il interroge, entre autres, la mutation des modes de vie traditionnels dont la mise en spectacle folklorique est au service d'une pratique divertissante de la photographie.
Tous deux revivifient alors tout autant ces archives que leur propre travail grâce à un accrochage qui joue de la diversité de modes de monstration et s'accommode avec intelligence des contraintes du lieu. Introduit par une passionnante petite salle consacrée aux pratiques de la photographie au sein de la Société dauphinoise d'amateurs photographes (dont les images constituent l'essentiel des archives), l'ensemble nous interroge sur la mémoire photographique et plus particulièrement sur celle que nous laisserons aux générations futures – probablement un stock indigeste d'images sauvegardées automatiquement... Pas sûr que ça intéresse grand monde !
Nos mémoires vivent
À la Bibliothèque d'étude et du patrimoine jusqu'au samedi 30 mars