Versants Queer : « Soutenir et favoriser le queer à Grenoble et en montagne »

Versants Queer #9

Love people

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Vendredi 7 décembre est prévue au Love People, bar gay-friendly du cours Jean-Jaurès, la neuvième édition des soirées Versants Queer organisées par l’association grenobloise du même nom. Soit l’une des nouvelles aventures locales les plus originales et enthousiasmantes mêlant fête, randonnées et drag queens. On a rencontré Anthony Merlaud, alias Aloée Lacanette, pour en savoir plus.

Depuis un an, le Love People, établissement grenoblois gay-friendly situé cours Jean-Jaurès (au niveau de la rue Condorcet), accueille épisodiquement des soirées pour lesquelles la locution "hautes en couleur" prend tout son sens. Comprendre ici que le spectacle n’est pas assuré par un DJ hyper pointu ou un groupe de musique underground mais par des drag queens qui s’égosillent en playback sur des gros tubes pop.

« La première, c’était le 7 décembre 2017 pour mon anniversaire. J’avais préparé quatre ou cinq shows dans des tenues différentes à chaque fois » se souvient Anthony Merlaud, ou plutôt Aloée Lacanette (c’est son nom de drag, à gauche sur la photo), qui insiste bien sur le mot "tenue" – et non "costume" ou, pire, "déguisement". De nombreuses autres suivront (presque une par mois) avec le même principe, transformant l’anniversaire entre potes en événement rameutant de plus en plus de monde. Et avec toujours plus de shows et de drag queens.

« C’est assez théâtral »

Des drags, toutes masculines ici, souvent bien habillées et maquillées (« Il y a plein de courants différents chez les drags. Moi, je veux jouer sur le genre en ne cherchant surtout pas à être réaliste. Il y a comme une sorte de surjeu de la féminité, c’est assez théâtral »), ce qui tranche avec l’esprit cheap du bar et de l’organisation, les shows ayant lieu au milieu de la salle (qui sert également de piste de danse), sans scène dédiée et à des heures vraiment approximatives. « Oui, c’est bordélique, mais les drags sont bordéliques ! »

Un joyeux bordel qui, justement, donne une ambiance chaleureuse et décontractée à l’ensemble, même si au vu du succès rencontré, l’association va aussi, les prochains mois, investir d’autres lieux, histoire de gagner en ampleur et en confort – notamment, en février, la Bobine pour un apéro-mix et, surtout, l’Ampérage pour une grosse soirée.

« Le queer, c’est la reconnaissance de corps libres sur le genre et la sexualité »

Voilà pour le côté festif, véritable vitrine de Versants Queer. Sauf que l’association, regroupant une quinzaine de membres vingtenaires et trentenaires, n’a pas que pour seul but d’amuser les noctambules, mais cherche aussi – surtout même – à « soutenir et favoriser le queer à Grenoble et en montagne ». Un côté sportif, en parfait accord avec le mode de vie grenoblois, imaginé en même temps que le festif et qui a véritablement vu le jour en juin dernier lorsque tout ce monde a participé à une session de l’Académie de la marche organisée par le centre d’art le Magasin des horizons.

« Le but était de monter le Charmant Som en s’habillant progressivement en drag et de redescendre en tenue. C’était un samedi ensoleillé, on a donc croisé plein de monde. Ça s’est super bien passé, les gens étaient bienveillants et assez contents de nous voir. Même si, parfois, on a eu droit à quelques questions du type "est-ce un enterrement de vie de garçon ? " ou "c’est le carnaval de Dunkerque ? ". On avait mal anticipé ce côté-là, on aurait presque eu envie d’avoir un document à leur donner pour mieux expliquer notre démarche. Surtout qu’à l’avenir, on ne veut pas que ça soit un événement mais un acte qu’on puisse refaire juste en partant en rando avec des potes, sans annonce publique. »

Car derrière les volets festifs et sportifs, il y a véritablement un aspect « politique » dans Versants Queer, comme pour démontrer que ce qui est a priori étrange, bizarre (avant d’être récupéré par la communauté LGBT pour en faire un étendard de tout ce qui sort du monde hétéronormé, le terme "queer" était une insulte anglo-saxonne synonyme d’anormal), ne l’est pas tant que ça – « le queer, c’est la reconnaissance de corps libres sur le genre et la sexualité » nous a expliqué Thibaut Lecront, autre membre fondateur qui nous a rejoints en fin d’interview. Et que, finalement, tout est soluble dans le queer : la fête, la rando, ou encore les jeux de papi et mamie, Versants Queer proposant depuis le mois dernier des "bingos drag" au bar la Passoire. On adore l’idée !

Versants Queer #9
Au Love People vendredi 7 décembre de 21h à 01h30

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