Angèle : « La notoriété se fait de plus en plus hystérique »

Angèle

La Belle Électrique

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Avant son passage par la Belle électrique ce mercredi 12 décembre (à guichets fermés) puis par le Summum jeudi 23 mai, la Belge Angèle, phénomène pop du moment révélé par plusieurs petits tubes ("La Loi de Murphy", "Je veux tes yeux", "La Thune"…), nous a parlé de la folie de son succès, des travers de sa génération, et bien sûr de son album "Brol" sorti en octobre dernier. Magnéto.

Vous êtes considérée comme la nouvelle égérie pop francophone avec Brol, premier album certifié disque de platine en seulement deux mois ! Une ascension fulgurante que vous évoquez d’ailleurs dans le titre Flou : « Tout le monde te trouve génial alors que tu n’as rien fait ». Comment gérez-vous ça ?

Angèle : Là où le succès aurait pu prendre des années à arriver, il n'a en effet pris que quelques mois et a engendré un changement de vie total. Normalement, je suis quelqu'un d’angoissée, mais là, j’ai dû lâcher les pédales parce que je ne pouvais plus tout contrôler. D’un seul coup, j’ai eu beaucoup de boulot, au fur et à mesure on faisait de plus en plus de grosses promos, de plus en plus de concerts dans des grandes salles [elle passera en mai au Summum comme le concert de la Belle électrique a très vite affiché complet – NDLR]

Et même si c’est la plus belle chose qui me soit arrivée, ça comporte aussi son lot de difficultés. La notoriété se fait de plus en plus intense et donc de plus en plus hystérique. Plus je touche de gens, plus j’ai de chance de tomber sur des personnes mal intentionnées. Et en ça, me sentir dépossédée de moi-même, ça me fait peur.

Ce succès soudain n’est-il pas plus facile à vivre lorsqu’on a un frère rappeur (Roméo Elvis), un père chanteur (Marka) et une mère comédienne (Laurence Bibot) ?

Le fait d’avoir grandi avec des parents connus, bien qu’à une toute autre échelle, m’a permis d’avoir très vite un avis sur la célébrité. J’ai toujours trouvé bizarre que des gens apprécient mes parents alors que moi, je les connaissais avec leurs défauts et je ne trouvais pas qu’ils en avaient moins que les autres. Je pensais que c’était une idéalisation de notre vie alors qu’ils étaient des humains comme tout le monde, travaillaient, avaient des angoisses, des moments difficiles…

Toujours est-il que le fait d’avoir été confrontée à tout ça m’a protégée ; ça m’a permis de moins me prendre mon propre succès en pleine gueule. J’ai réussi à vivre cette situation avec recul. Peut-être un peu trop parfois. Parce que si j’aime que les gens viennent me voir en concert, je n’aime pas qu’ils viennent m’interpeller dans la rue. Pour certains, c’est difficile à comprendre. On m’a d’ailleurs souvent dit : t’aurais dû faire un autre métier si tu ne voulais pas qu’on t’arrête dans la rue. Euh… ben non en fait.

Vous avez une formation classique, êtes fan de jazz, mais ce qui définit votre style, c’est surtout un subtil mélange entre pop et rap. Où se situe la frontière entre les deux selon vous ?

Même si j’en écoutais beaucoup grâce à mon frère, j’étais à l’origine assez distante vis-à-vis du rap. Et puis j’ai bossé avec Damso. Et là, j’ai réalisé qu’une artiste qui vient du classique et un rappeur, ça peut faire quelque chose de très cohérent. C’était aussi l’occasion de découvrir un univers très intéressant avec sa culture, un univers qui dépasse les préjugés et qui s’intéresse plus au féminisme qu’on ne le pense.

Il y a quelques semaines, dans le cadre de sa tournée, Damso m’a d’ailleurs invitée aux côtés d’Orelsan, Vald, Kalash... Ça m’a touchée car mine de rien, le public était très réceptif à ce que je faisais !

Dans vos chansons, vous jouez sur la dérision, on le voit d’ailleurs dans des clips comme La Loi de Murphy ou La Thune. Le fait d’y avoir recours, est-ce une manière de faire passer des messages ?

Exactement. Les mots sont une arme. On peut parler d’énormément de thèmes subtilement grâce à l’humour. C’est ce que je fais par exemple sur le sujet de la rupture douloureuse. C’est tout de suite moins frontal d’en parler de manière enfantine !

Vous avez commencé à être connue grâce à Instagram, un réseau sur lequel vous êtes d’ailleurs très présente. Pourtant, dans vos chansons, on n’a pas vraiment l’impression que vous portez les réseaux sociaux dans votre cœur…

Ça fait partie de ma vie. Je trouve ça terriblement inquiétant mais j’en suis la première victime. Je pense qu’on n’est pas encore tout à fait conscients de ce que ça représente. Et à la fois, ça a plein de bons côtés.

Pour moi qui suis féministe, c’est par exemple très enthousiasmant de découvrir le nombre de comptes et de combats qui existent sur Instagram ! Mais à l’inverse, il doit aussi exister plein de comptes racistes et homophobes….

Puisque vous parlez de féminisme, le sexisme en prend pour son grade dans votre album, comme dans le morceau Balance ton quoi où l’on vous entend dire les remarques que vous avez subies du genre « pour une fille drôle t’es pas si laide ». Est-ce récurrent ?

Oui, j’entends des choses terribles. Et ça m’attriste parce que je vois, notamment par les réseaux, que ma génération donne beaucoup plus d’importance à un physique qu’à un texte. Or, quand on bosse comme une ouf, on a envie d’être récompensé pour ce qu’on fait.

Il y a tout juste un an vous donniez votre premier concert. Quel meilleur souvenir gardez-vous de cette année de folie ?

J’ai souvent tendance à être trop dans un rapport professionnel lors des concerts, ce qui fait que j’en oublie de vivre le moment de manière pure. Parfois, je réalise l’intensité du truc. Et là, je me mets à pleurer. Ce sont les meilleurs moments. Ils prouvent qu’il existe encore de vraies émotions dans ma tête.

Angèle
À la Belle électrique mercredi 12 décembre à 20h
Au Summum jeudi 23 mai à 20h

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