"Montagne et paysage dans l'estampe japonaise" : des paysages plein la vue au Musée de l'Ancien Évêché

Montagne et paysage dans l'estampe japonaise

Musée de l'Ancien Évêché

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Exposition / Encore une nouvelle exposition dans le cadre de l’Année du Japon en Isère ?  Oui, et tant mieux. Car avec "Montagne et paysage dans l’estampe japonaise", le Musée de l’Ancien Évêché explore le regard porté par les Japonais sur la nature, complétant ainsi magnifiquement la proposition en cours au Musée dauphinois sur les relations entre le pays du Soleil-Levant et l’Occident.

Généralement, quand un musée propose une exposition temporaire comprenant des œuvres d’un artiste "star" (genre, au hasard, Gauguin ou Delacroix), il se débrouille pour mettre en avant sur ses affiches une œuvre "blockbuster" dudit artiste. Et s’arrange pour trouver un titre qui mette cet aspect en avant – même s’il peut être trompeur sur la marchandise. Pour sa nouvelle exposition, le Musée de l’Ancien Évêché a fait fi de ces stratégies marketing en se contentant d’intituler sobrement Montagne et paysage dans l’estampe japonaise un accrochage qui réunit un nombre conséquent d’estampes des deux grands maîtres du genre dont l’évocation des seuls noms suffit à déplacer les foules : Katsushika Hokusai (1760 – 1849) et Utagawa Hiroshige (1797 – 1858).

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Le parcours n’essaye d’ailleurs pas de nous tenir en haleine en gardant le "meilleur" pour la fin puisqu’il démarre d’emblée avec la fameuse vague d’Hokusai. Comme c’est souvent le cas avec les images trop reproduites, cette vague n’est plus vraiment regardée : voilà donc une belle occasion de nous pencher dessus avec attention. On y voit trois barques de pêcheurs sur le point d’être submergées par une gigantesque vague, tandis qu’au loin le mont Fuji, l’emblème du Japon par excellence, apparaît comme un contrepoint inébranlable. Tout est dit ici : les hommes sont peu de choses face aux forces de la nature.

Derrière la vague

Remarquablement composée, cette estampe ouvre une série intitulée Trente-six vues du mont Fuji dans laquelle le point culminant du Japon, aussi imperturbable qu'il peut parfois être discret, est représenté par Hokusai à l'image du pouvoir impérial : parfaitement immuable. Dans cet ensemble, la singulière permanence de sa silhouette est finalement moins le sujet que les changements de saisons ou les fluctuations atmosphériques qui sont autant d’occasions pour le peintre et dessinateur de faire valoir son talent.

Derrière une vitrine, un album récemment découvert dévoile la série dans son ensemble et offre la possibilité d'en juger, d'autant plus que cette édition n'ayant jamais été exposée, les couleurs des estampes sont d'une fraîcheur éclatante. Mythique, cette série marquera profondément des peintres français comme Paul Cézanne ou Claude Monet qui travailleront eux aussi à des variations sur un même sujet : la montagne Sainte-Victoire pour le premier, la cathédrale de Rouen pour le second.

Les ponts des arts

L’exposition enchaîne ensuite avec plusieurs séries réalisées par Hiroshige dont le talent de paysagiste est admirable. Ses Cinquante-trois relais du Tôkaidô décrivent les paysages traversés par le chemin qui mène d’Edo (future Tokyo) à Kyoto, parcours de quatorze jours de marche autant emprunté pour rendre hommage à l’Empereur (installé à Edo) que pour son attrait touristique. Tourisme également avec les séries consacrées aux Cent vues des sites célèbres d'Edo ou encore aux Lieux célèbres de la capitale de l’Est. Toutes d’un grand raffinement, ces estampes témoignent de l’inventivité formelle et de la maîtrise de la composition des pleins et des vides d'Hiroshige. On note également son attrait pour les scènes du quotidien, les temps pluvieux (jamais plus vous ne regarderez une averse de la même façon!) et les ponts – sujet-prétexte qui permet de composer simultanément avec l’eau, la végétation, les constructions et les figures humaines.

Après une vidéo qui explique la technique de l’estampe et deux planches (seulement) des carnets de croquis que réalisait Hokusai à l’attention de ses étudiants afin de leur fournir une sorte de vocabulaire formel pour représenter (comme par hasard) des ponts, l’exposition se conclut par une salle consacrée au "mitate", catégorie d’estampes très référencées dont le principe consiste à confronter le portrait d’un personnage à un paysage allégorique qui dévoilerait, souvent de manière parodique, quelque chose de sa personnalité. Si vous souhaitez en savoir plus, une rencontre avec le collectionneur qui a prêté une partie de ces curieuses estampes est prévue samedi 9 février ; sinon, rassurez-vous, même si le sens profond nous échappe parfois, l’inventivité formelle et le plaisir des yeux sont bien là !

Montagne et paysage dans l’estampe japonaise
Au Musée de l’Ancien Évêché jusqu’au dimanche 31 mars

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