"Miraï, ma petite soeur" : la cadette de ses soucis

Miraï, ma petite soeur
De Mamoru Hosoda (Jap, 1h37) animation

Ce futur classique, où un enfant unique apprend à aimer sa petite sœur nouvelle-née en voyageant dans le futur et le passé familial, comptera autant que "Totoro" ou "Le Tombeau des Lucioles" au panthéon de la japanimation, dont Mamoru Hosoda est l’indiscutable nouveau maître.

Heureux petit bonhomme passionné par les trains, Kun voit d’un mauvais œil l’arrivée au foyer de sa petite sœur, Miraï, qui lui vole selon lui l’attention et l’affection de ses parents. Mais grâce à des "sauts dans le temps", il comprendra à quel point cette nouvelle venue lui est précieuse…

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Où l’on découvre que le chef-d’œuvre nippon de décembre n’était pas celui que l’on attendait… même si l’on le soupçonnait un peu. La gentille histoire de famille de Kore-Eda aura du mal à rivaliser avec ce qui doit être désormais considéré comme LE film à montrer à tout enfant connaissant le *bonheur* d’accueillir un·e puîné·e. Par sa capacité à se mettre à la place d’un gamin chamboulé et à métaphoriser ses chagrins jaloux ; par sa force poétique comme sa richesse visuelle ou sa faculté à égrener les petits riens (tels que l’apprentissage du vélo), Miraï, ma petite sœur touche à quelque chose d’universel.

Cela en s’inscrivant pourtant dans un environnement on ne peut plus extrême-oriental : alors que beaucoup d’anime jouent par coutume une schizophrénique partition (où les personnages, dotés de morphologies caucasiennes, évoluent dans des costumes et décors japonisants en tentant d’oblitérer la majorité des us et coutumes de leur pays d’origine), Hosoda revendique son ancrage culturel. Ainsi montre-t-il de très formelles cérémonies rituelles, complétant les habituels recours au merveilleux animiste dont il s’est fait une spécialité, dans le sillage de Takahata et Miyazaki.

Profondeur du temps

S’il ne disposait que de sa délicatesse d’âme et d'une respectueuse attention témoignée aux liens familiaux, Miraï, ma petite sœur serait déjà un grand film. Mais il se permet en plus d’enchaîner les prouesses stylistiques et les techniques graphiques comme il emboîte les âges de la vie : animation traditionnelle 2D pour figurer le territoire ordinaire du présent ; papier découpé enfantin quand Kun s’égare (dans une gare obscure, justement) privé de tout repère et enfin modélisations en 3D pour suggérer la profondeur du passé et du futur, ce réseau enchevêtré d’histoires dont celle de Kun n’est qu’un filament. En passant d’un monde plat, limité et autocentré à un univers infini et pluri-dimensionnel, Kun y gagne donc aussi à l’image grâce à l’arrivée de Miraï.

Miraï, ma petite sœur
de Mamoru Hosoda (Jap, 1h38) animation

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