de Joachim Lafosse (Fr-Bel, 1h24) avec Virginie Efira, Kacey Mottet Klein, Diego Martín...
Son grand ado de fils ayant pris le mauvais chemin vers la violence et la rébellion, Sibylle tente un coup de poker en l'emmenant en randonnée équestre au cœur du Kirghizistan, loin de tout, mais au plus près d'eux. Le pari n'est pas exempt de risques, ni de solitude(s)...
Tirée du roman du même nom de Laurent Mauvignier, cette chevauchée kirghize va droit à l'essentiel : la rudesse des paysages permet à l'âpreté des sentiments de s'exprimer, de la tension absolue à la compréhension, avec un luxe de dents de scie. Le réalisateur Joachim Lafosse capture la haine fugace qui déchire ses protagonistes, la peur continue qu'un acte définitif ne vienne mettre un terme à leurs tentatives de communiquer, comme les joies insignifiantes – celle, par exemple, de retrouver un iPod perdu dans la steppe. À l'initiative de l'équipée, Sibylle n'est pas pour autant une mère d'Épinal rangée derrière son tricot : son exubérance, son intempérance et sa relation... épisodique avec le père de Samuel expliquent une partie de ses propres fractures, qui ont beaucoup à voir avec celles que son fils doit réduire.
Lafosse confirme ici qu'il n'en a décidément pas terminé avec les familles dysfonctionnelles, ni les influences troubles entre adultes et adolescents. Quant à la réussite de son film, elle doit aussi beaucoup à son duo d'excellents interprètes, Kacey Motten-Klein et Virginie Effira – laquelle confirme la belle inflexion observée l'an dernier.