Depuis janvier et à la suite du départ de sa précédente directrice Éliane Baracetti, le Grand Angle, immense salle de spectacle de Voiron, est piloté par Vincent Villenave, ancien directeur de l'Heure bleue de Saint-Martin-d'Hères. On l'a rencontré.
« En un peu plus de douze ans, je pensais avoir fait le tour de l'Heure bleue. » Voilà pourquoi Vincent Villenave a de nouveau postulé l'an passé à la direction du Grand Angle de Voiron, après une première tentative infructueuse en 2014. « Ce qui m'intéresse particulièrement dans cette salle, c'est son rayonnement sur le territoire qui l'entoure. » Car ce paquebot qui, selon les configurations, peut monter à 2200 places (« c'est sûr que l'Heure bleue, à côté, c'est presque un théâtre de poche – et pourtant l'Heure bleue n'est pas une petite salle ! »), a des missions plus larges qu'un théâtre municipal implanté dans l'agglomération grenobloise.
Ce qui se ressent dans sa programmation extrêmement variée, où les stars du rire (Kev Adams, Artus, Arnaud Tsamère ou encore Ahmed Sylla viendront à Voiron les prochains mois) et de la chanson (Pascal Obispo, I Muvrini...) côtoient des propositions moins grand public – du théâtre, de la danse... « C'est comme un grand écart pour arriver à concilier deux aspects qui peuvent paraître sinon antinomiques en tout cas très élastiques entre des artistes têtes d'affiche et de l'émergence artistique. » Sur cet aspect, Vincent Villenave sera donc pleinement « dans la continuité de ses prédécessrices ».
« Davantage d'arts de la rue »
Mais il y aura tout de même quelques changements sous la mandature Villenave, qui aimerait que le Grand Angle « rayonne encore plus sur le Pays voironnais en allant davantage dans les petites communes. Je veux ainsi passer de deux-trois spectacles en itinérance par saison à quatre, cinq voire six ». Pour ce faire, il imagine demander à certaines compagnies qui présentent des grandes formes sur le plateau du Grand Angle d'en prévoir des plus petites pour une tournée dans les communes autour de Voiron. Niveau esthétique, il aimerait aussi élargir les propositions, en programmant « davantage d'arts de la rue » (« pourquoi pas créer un temps fort sur cette esthétique autour du lac de Paladru »), de la chanson (« en se concentrant notamment sur la création féminine ») et des musiques urbaines. « Mais tout se fera progressivement bien sûr. »
Un dernier mot sur l'Heure bleue, qu'il quitte « satisfait mais un peu inquiet » après un mandat de douze ans ? « J'ai eu une liberté de choix artistique totalement avérée. Grâce à ça, je ne suis pas mécontent du travail accompli sur la reconnaissance de cette salle, notamment auprès du public et des partenaires. Et je suis très fier d'avoir pu mettre en place le festival Hip-hop don't stop qui vient de terminer sa troisième édition et qui a maintenant une dimension importante. Même si, et je le dis plus facilement aujourd'hui que je ne suis plus en fonction, son avenir n'est pas assuré, même si j'ai lutté jusqu'au dernier moment pour que la Ville mette plus de financements. Saint-Martin-d'Hères est une commune qui affiche plein de bonnes intentions mais qui ne donne pas les moyens, ce qui est flagrant sur le festival hip-hop. En tout cas, j'espère qu'il perdurera, je veux le croire, mais ça n'est pas sûr si la volonté politique ne suit pas. »