Le Printemps du livre : « C'est génial de fédérer autant d'auteurs dans un si bel endroit »

Festival / Et revoici le Printemps du livre pour une dix-septième édition, mais surtout une cinquième organisée en grande partie au sein du prestigieux Musée de Grenoble (en accès libre pour l’occasion). Un déménagement qui a conduit la manifestation sur d’autres terrains artistiques, même si son essence (faire rencontrer au public des auteurs et des autrices) est toujours là comme nous l’a expliqué la directrice du Printemps Carine D’Inca.

Depuis 2015, le Printemps du livre a établi son camp de base dans le Musée de Grenoble, ce qui a dû vous changer…

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Carine D’Inca : Oui, et c'est génial de fédérer autant d'auteurs dans un même endroit ! Même si je dois dire que quand la Ville nous a annoncé qu'on quittait le chapiteau du Jardin de Ville qui tenait lieu de librairie, j'ai été un peu réticente comme j'avais le sentiment qu'on allait perdre une manière de capter un public qui venait par hasard.

Mais très vite, quand on nous a expliqué que le nouvel endroit serait le Musée de Grenoble, l'un des plus beaux de France, on s'est dit que ça allait ouvrir de nombreuses perspectives. Et je n'avais pas mesuré à quel point ce serait vrai.

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En quoi ce déménagement a-t-il influé sur la programmation ?

Pour moi, il était évident qu'il fallait qu'on trouve du sens au fait qu'un festival littéraire s'installe dans un musée dit des beaux-arts : il ne fallait pas qu’on habite le lieu comme si c'était une salle des fêtes quelconque. Notre chance a été d'avoir des interlocuteurs formidables dans l'équipe du musée, et tout particulièrement les médiateurs à qui j'ai proposé l’idée de "lectures en correspondance". Je leur ai dit : je vous confie des livres des auteurs invités, vous les lisez et vous, fins connaisseurs de la collection du musée, choisissez une œuvre ou une salle qui semble faire écho aux livres en question. Ils ont été immédiatement emballés !

La surprise a été de voir à quel point les écrivains ont adoré cette idée. Ils sont très honorés que leurs textes soient mis en parallèle avec des chefs-d’œuvre. Et le public a lui aussi été très enthousiaste face à cette proposition, ce qui nous a amenés à nous questionner plus largement : les rencontres avec les écrivains, c'est très bien, pour rien au monde je ne renoncerais à cette forme où l'auteur peut nous parler longuement de son livre. Mais on s'est rendu compte que pour un public qui n'a pas forcément lu tous les auteurs qu'il vient découvrir au Printemps, cette nouvelle possibilité d'entrer en relation directement avec le texte, sa musicalité, sa poésie ou encore son côté abrupte, était une très jolie opportunité, qui fait moins peur que la lecture sèche. Cette forme est d’ailleurs devenue une singularité et une particularité du Printemps du livre par rapport aux autres festivals du genre.

Il y a aussi des "parcours en correspondance" proposés au musée…

Oui. On a commencé avec les écrivains, et on y a ajouté l'année suivante les illustrateurs, en faisant résonner leurs univers graphiques avec des œuvres du musée – et non une seule, d'où la notion de parcours.

Ce côté graphique est, au fil des ans, de plus en plus prégnant dans le Printemps…

Oui. Dans la foulée de ce déménagement, l'élue aux cultures de Grenoble, constatant que la présence de l'image est un facteur facilitant pour l'accès à l'écrit, nous a demandé de développer un peu la part de la programmation consacrée à l'image avec des illustrateurs pour tous les publics – et non seulement pour la jeunesse –, et d'ouvrir davantage à la BD.

Là encore, au départ, en tant que responsable artistique de la programmation, ce n'était pas évident pour moi comme ce n'est pas un univers que je connais bien – même si cet aspect a été vite effacé par le fait qu'il y a à Grenoble une multitude de compétences dans le réseau des bibliothèques et pas mal de libraires référents sur la question. Et là aussi, l'évolution a été positive, sans avoir dénaturé la programmation du festival : au contraire, on peut maintenant proposer des rencontres croisées qui mélangent tous les styles de littérature !

Le Printemps du livre, c’est aussi des spectacles…

Ça, c’est grâce à notre statut d’événement municipal qui nous permet ainsi de solliciter le Théâtre municipal et d’y être accueilli très bien pour pouvoir proposer à des auteurs qui le veulent de lire sur scène. On n’est jamais dans de l’hyper spectaculaire, on reste dans une forme de lecture mais avec une dimension scénique.

Une dernière question : la lecture-concert que propose Virginie Despentes vendredi 22 mars à la Source n’est pas estampillée Printemps du livre ?

Non, elle ne l’est pas, mais c’est tout à fait l’esprit Printemps en revanche ! Je trouve ça super que le public de l’agglomération bénéficie de cette – j’imagine – magnifique lecture. Je regrette juste qu’on ne se soit pas mieux calés avec Loran [Stahl, le programmateur de la salle fontainoise – NDLR], mais c’est comme ça…

Le Printemps du livre
Dans divers lieux de l’agglo du mercredi 20 au dimanche 24 mars
Au Musée de Grenoble du vendredi 22 au dimanche 24 mars

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