Jeudi 21 octobre 2021 Elle succédera à Béatrice Josse début 2022.
Béatrice Josse : « Être queer, c'est ouvrir des possibles » (et Les Sororales le prouveront)
Par Aurélien Martinez
Publié Mardi 2 avril 2019 - 8347 lectures
Photo : Camille Olivieri / Arno Paul
Festival / Au Magasin des horizons, il se passe souvent des événements culturels atypiques pour un centre à la base d’art contemporain. Comme, début avril, un festival baptisé Les Sororales, sous-titré « festivités dégendré.e.s » et fortement axé sur le monde queer. La directrice des lieux Béatrice Josse nous en dit un peu plus.
Comment comprendre le titre du festival ?
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Béatrice Josse : C’est sororité ; fraternité au féminin. On a l’impression que c’est un mot nouveau mais pas du tout en fait ! La sororité est même une idée très en vogue en ce moment : par exemple, Mes bien chères sœurs, le bouquin que Chloé Delaume [qui sera présente mardi 9 pour une lecture] vient de sortir, parle exactement de ça. C’est un mot que j’aime bien, d’autant plus que la sonorité de l’adjectif "sororales" est belle.
Et comment comprendre le sous-titre – « festivités dégenré.e.s » – de cette deuxième édition ?
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La dernière fois, c’était « festival ensorcelé », donc c’était sur la notion de sorcière. Là, on s’appuie plus sur les questions liées au genre, avec l’invitation de personnes qui sont soit trans, soit en transition, soit drag king… Des personnes qui se posent des questions sur leur genre. Et puis on peut aussi entendre le terme "dégenré" au sens plus large, au niveau des nombreuses disciplines qu’on aborde avec des œuvres artistiques, des performances, des ateliers…
Avec cette programmation large, l’idée est-elle de toucher le plus de monde possible ?
Oui, c’est ça : on veut se faire croiser des publics qui ne se croisent pas forcément dans la vie de tous les jours. Mais c’est aussi – surtout même – montrer qu’être queer, ce n’est pas être sectaire. C’est même l’inverse : c’est ouvrir des possibles. On veut donc toucher des cultures vernaculaires avec des expérimentations qui, à la base, ne sont présentées que dans des lieux réservés.
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Le festival semble très politique…
Oui, car on propose que ces gens soient visibles, ce qui est quand même quelque chose d’important. Ce petit festival, c’est donc l’occasion de montrer des pratiques d’artistes et non artistes dont le projet est d’être libre dans leur genre ou leur activité. On invite par exemple de très jeunes artistes de notre réseau féministe et engagé sur la question queer avec des propositions très fraîches, très expérimentales…Les Sororales, c’est vraiment des moments de réjouissance qui brassent pas mal de monde. Ça change du temps long des expositions où l’on voit moins les gens.
La question queer, qui englobe toutes celles et tous ceux qui ne se retrouvent pas dans la culture hétéronormative et patriarcale, est de plus en plus sur le devant de la scène…
Oui, et tant mieux, parce qu’il y a énormément de gens qui se posent la question. On a par exemple fait une visite queer l’an passé autour de l’exposition consacrée aux marches revendicatives, on a eu presque 50 personnes ! Il y a une vraie mutation sociale qu’il faut accepter. Ça peut déranger des personnes, mais c’est important de rendre compte de la société comme on la vit. On ne peut pas juste se boucher les oreilles ou les yeux et faire comme si ça n’existait pas. C’est une question profonde qui anime les jeunes générations.
Le festival sera aussi, on l’imagine, un moment de discussion sur ces questions…
Toutes les personnes qui interviendront sont convaincues de ce qu’elles font, et elles sont vraiment à la disposition du public. Non pas pour se défendre, mais pour faire entendre que l’on n’est ni blanc ni noir mais un peu les deux. Isabelle Sentis par exemple, qui fera un atelier drag king pour poser la question du comment l’on se ressent quand on s’habille en homme, comment on se conduit dans l’espace public, accompagnera celles et ceux qui participeront.
Le petit texte d’ouverture du programme commence par ces mots : « avis aux filles de Lilith et aux bad girls de Grenoble ». Le festival est pourtant bien ouvert à tous ?
Bien sûr (rires) ! Même aux enfants d’ailleurs, avec notamment une programmation de contes.
Les Sororales
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