De Guillaume Canet (Fr., 2h15) avec François Cluzet, Marion Cotillard, Gilles Lellouche...
Dix ans après l'été maudit qui vit périr l'un des leurs, le groupe d'amis du Cap Ferret des Petits mouchoirs s'est disloqué. Sous l'impulsion d'Éric, ils se retrouvent tous pour célébrer les 60 ans de Max. Or celui-ci, sur le point de vendre sa maison, goûte guère la surprise...
On prend les mêmes et on continue en suivant la recette : faire fermenter dans une résidence de nabab émirati ou de milliardaire texan un groupe "d'amis" aux égos hypertrophiés se mesurant la longueur du portefeuille pour savoir qui sera le nouveau mâle alpha de la bande. Fatalement, il faut s'attendre à du combat de coqs. Quand ils en ont le temps, certain·es de ces quadra adulescents pensent (un peu) aux autres. Pas forcément à leurs enfants, ces boulets d'arrière-plan décoratif conservés en cas de nécessité dramatique ; plutôt à la planète le temps d'un couplet fédérateur dans l'air du temps. Ces personnages seraient faits pour être raillés, on souscrirait volontiers. Mais non : il faut les aimer pour leurs "blessures", conséquences de leur égoïsme et de leur arrogance aveugle.
Des liens profonds unissant Guillaume Canet à son mentor Jean Rochefort (entretenus par leur amour commun pour la gent chevaline), certains virent dans Les Petits Mouchoirs l'équivalent 2010 d'Un éléphant ça trompe énormément ; de là à supposer ici une référence (au moins dans le titre) à sa suite... Certes, les deux diptyques tiennent du film choral à sketches. Mais celui d'Yves Robert rendait sympathiques ces grands potaches malgré leurs défauts, notamment grâce à la voix-off à l'objectivité distanciée d'un des membres du groupe, chroniqueur de leurs travers mutuels. Chez Canet, on s'inscrit dans des laps de temps plus brefs pour créer de la surtension, les gags sont rares (merci aux prothèses de Laurent Lafitte), les sourires aussi (merci Clémentine Baert pour sa fraîcheur), les séquences trop longues et les protagonistes peu attachants. S'il s'agit du portrait de notre époque, elle est à pleurer. Pas sûr que de petits mouchoirs suffisent.