Exposition / Pour la quatorzième édition de son programme hors les murs, le Musée de Grenoble s'installe dans les locaux de l'association Solexine, quartier Bouchayer-Viallet, avec cette petite expo qui présente des grands noms de l'art contemporain. Une façon pour cette honorable institution d'aller à la rencontre d'un public parfois intimidé à l'idée de se confronter à ses collections.
Située dans le quartier Bouchayer-Viallet, au sein des anciennes usines Cémoi, l'association Solexine propose depuis 20 ans de nombreux projets d'éducation populaire à des personnes en situation de fragilité. Il est probable que cette mission ait joué dans la proposition que l'association a faite au Musée de Grenoble d'imaginer une exposition qui puisse être une réflexion sur la manière dont on se met en scène, en tant qu'artiste ou en tant que sujet, pour témoigner de ce qui nous traverse intimement ou socialement.
Une exposition qui convoque de grands noms de l'art contemporain. Tandis que le dessin hyperréaliste d'Oscar Muñoz et la magnifique composition géométrique de Leonardo Cremonini jouent ainsi de l'absence de personnes pour inciter notre regard à imaginer les fictions susceptibles de se jouer dans ces intérieurs vides aux allures de décors, les photographies de Patrick Faigenbaum nous présentent deux sujets plongés dans leur « décor » quotidien : un vieil aristocrate italien dans ses appartements et une femme dans son atelier de couture – pas franchement la même ambiance ! Deux photographies qui ouvrent une réflexion sur la manière dont on se construit à travers l'image, consciente ou inconsciente, que l'on donne de soi.
Visite accompagnée
En face, la photographe Cindy Sherman interroge les stéréotypes de genre en jouant sur les postures qui lui permettent d'incarner, d'un cliché à l'autre, des personnages tout à fait différents. Sophie Calle, quant à elle, nous raconte une histoire inquiétante d'un regard dont elle devient la victime, rejouant et renversant la question du rapport de l'artiste à son modèle et des logiques de domination. Michelangelo Pistoletto, enfin, nous renvoie une image éclatée de nous-même, rappelant que tout cela est affaire de point de vue.
De grands artistes donc, pour un petit lieu qui bénéficie pour toute la durée de l'exposition de la présence de médiateurs et médiatrices pour que vous puissiez confronter votre expérience des œuvres à leurs connaissances en histoire de l'art. Pour avoir souvent tendu une oreille attentive à ce qu'ils racontent, on peut vous assurer qu'ils sont super !
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À Solexine jusqu'au jeudi 6 juin