Mardi 15 septembre 2015 Rendez-vous le vendredi 18 septembre pour un double programme consacré à Joe Dante.
"Piranhas" : l'or dur de Naples
Par Vincent Raymond
Publié Mardi 4 juin 2019
Photo : ©Wild Bunch
Piranhas
De Claudio Giovannesi (It, 1h45) avec Valentina Vannino, Aniello Arena...
De Claudio Giovannesi (It, 1h52) avec Francesco Di Napoli, Ar Tem, Alfredo Turitto...
Naples, années 2010. La quinzaine conquérante, Nicola trépigne d'envie devant les gangs, leur argent facile et la crainte qu'ils inspirent, autant qu'il abhorre leur manière de rançonner les gens. En se liguant avec une famille sur le carreau, il va prendre le contrôle de son quartier...
Adapté d'un roman de Roberto Saviano (qui en a co-écrit le scénario), Piranhas poursuit son examen des milieux mafieux entrepris avec Gomorra, l'enquête (suivie par le film de Matteo Garrone) qui avait mis en lumière le fonctionnement de la Camorra... et lui vaut la constante protection de la police. Mais à la différence de ce précédent opus qui pratiquait le patchwork et la juxtaposition de lambeaux d'événements pour restituer l'emprise tentaculaire de l'organisation criminelle et privilégiait une forme "documentarisante", Piranhas ne craint pas d'adopter une structure plus conventionnelle d'un récit fictionnel. En se focalisant sur une l'ambition magnétique du poisson-pilote de ce gang de bébés requins, Nicola.
Son étonnante androgynie de Bowie napolitain distingue le jeune homme du groupe avant même qu'il n'ait manifesté ses velléités de conquête. Une ambition née de la frustration de se voir refoulé des boîtes de nuit à la mode, comme d'assister impuissant au racket de sa mère, petite commerçante. Quant à sa jeunesse, elle constitue à la fois sa force et son talon d'Achille : sa fougue et son idéalisme plaisent aux (en)vieux parrains, mais son immaturité et sa naïveté l'exposent aux trahisons comme aux faux-pas – d'autant que Nicola s'embarque dans une romance façon Roméo et Juliette avec une fille d'un quartier rival.
Antiroman d'apprentissage au goût métallique de sang, Piranhas restaure une approche sociale néoréaliste. Voir des tripes et de la conscience à l'écran ne console pas sur l'état du monde, mais rassure sur celui du cinéma.
à lire aussi
vous serez sans doute intéressé par...