D'Élise Otzenberger (Fr, 1h28) avec Judith Chemla, Arthur Igual, Brigitte Roüan...
Anna et Adam partagent leur vie, un enfant et des origines juives polonaises. Quand Adam est invité à une commémoration dans le village de Pologne d'où venaient ses grands-parents, Anna saisit l'occasion pour l'entraîner dans un pèlerinage intime. Qu'elle prend plus à cœur que lui... Ce film tient de la quadrature du cercle, et il pourrait faire bondir celles et ceux qui s'arrêteraient à sa surface de comédie sentimentale et familiale traitant de l'héritage de la Shoah. Nulle provocation chez Élise Otzenberger, bien au contraire, pour qui l'humour a sans doute été un formidable outil cathartique.
Nourri d'histoire(s) familiale(s), Lune de Miel rappelle, avec son entame rapide dynamisée par les répliques délirantes du personnage de Brigitte Roüan, les grandes heures du cinéma de Woody Allen époque Annie Hall / Manhattan : le socle dramatique est submergé par le rire et l'absurde, comme pour faire diversion. Au fil du voyage cependant, la fiction va à plusieurs reprises être entrecoupée par des séquences plus documentarisantes : certaines montrant dans le décor la persistance d'un "antisémitisme folklorique" ; d'autres permettant à l'Histoire d'être racontée par ses témoins – ses survivants.
Double évident de la réalisatrice, Judith Chemla compose une Anna aussi attachante dans sa quête qu'agaçante dans son couple, magnifiée par la splendide photographie de Jordane Chouzenoux, qui donne une texture à la fois adoucie et passée à l'ensemble. Comme si les souvenirs avaient enfin trouvé la paix, en somme.