Exposition / Superstar internationale du street art, Shepard Fairey (alias Obey) est invité par le Street Art Fest Grenoble Alpes pour une immense exposition à l'Ancien Musée de peinture. "Obey, 30 years of resistance" dresse ainsi un panorama rétrospectif de la production de l'artiste états-unien. Et nous en met plein la vue.
« Faire une énorme rétrospective sur un artiste avec plus de 600 pièces, dans une vie de commissaire d'expo, c'est un gros morceau » nous expliquait la semaine dernière Jérôme Catz, directeur du Street Art Fest Grenoble Alpes. Et quel gros morceau ! Passé la porte d'entrée de l'Ancien Musée de peinture, l'effet est saisissant : de chaque côté, d'immenses bâches surplombent des cimaises sur lesquelles sont présentées, quasiment à l'infini, des sérigraphies de Shepard Fairey.
Pour nous aider à nous y retrouver, le parcours est ponctué de plusieurs grandes sections thématiques consacrées à la musique, la politique ou l'écologie – le travail de l'artiste étant largement en prise avec les réalités sociales et politiques de son époque. Dénonçant l'impérialisme ou encore l'obsession militariste et consumériste de son pays, Fairey crée des fresques invitant à la résistance – il reverse d'ailleurs souvent le bénéfice de ses ventes à des associations militantes.
Une première section chronologique nous rappelle que tout cela débute dans les années 1990 alors qu'il détourne l'image d'un catcheur (André the Giant) dont il stylise et placarde le portrait un peu partout. Par cet acte, il interroge le fait que la diffusion dans la rue d'une image qui n'est pas clairement consumériste est aussitôt apparentée à du vandalisme, alors même que les publicités, dont les messages insidieusement autoritaires sont autrement plus néfastes, sont parfaitement tolérées.
Grand écart
Ce qui frappe, c'est la manière dont Shepard Fairey parvient à créer un art qui porte indéniablement sa signature alors même qu'il ne cesse de faire des références à la création visuelle du XXe siècle. Il opère ainsi le grand écart entre les affiches de spectacles itinérants du XIXe siècle, le constructivisme russe, la propagande soviétique, les films de série B ou encore le pop art, nourrissant parfois une fascination ambigüe pour les formes de propagandes totalitaires.
L'exposition (qui durera jusqu'à fin octobre vu son caractère exceptionnel) s'apparente alors à une sorte de jeu de piste dans lequel on peut non seulement s'essayer à retrouver ces références, mais également le portrait stylisé de tout un tas de célébrités. Obama, bien sûr, pour lequel il a réalisé, lors de sa première campagne, l'affiche Hope, mais également un grand nombre de personnalités de la sphère culturelle (Warhol , Tupac, Blondie...), des figures de la contre-culture américaine (Noam Chomsky, Angela Davis...) ainsi qu'une poignée de sinistres guignols (Bush, Reagan ou Mao).
Obey : 30 years of resistance
À l'Ancien Musée de peinture jusqu'au dimanche 27 octobre
Vernissage jeudi 13 juin à 17h30 en présence de l'artiste