de Stéphane Batut (Fr, 1h44) avec Thimotée Robart, Judith Chemla, Djolof Mbengue...
Juste n'est plus vraiment de ce monde : invisible aux vivants, il a négocié avec les "autorités" de l'au-delà pour accompagner les défunts de l'autre côté en leur faisant raconter un souvenir. Il croise un jour Agathe, bien vivante, qui le voit et le reconnaît. La mécanique serait-elle enrayée ?
De tous les films ayant fréquentés la Croisette cette année et qu'il nous ait été donné l'occasion de voir pour l'instant, celui-ci est sans doute celui déployant la plus grande ambition poétique... tout en demeurant d'une exquise et discrète sensibilité. Déjà auréolé du Prix Jean-Vigo, Vif-Argent mérite qu'on lui consacre de l'attention.
Juste apparaît (comme le titre le laisse entendre) pareil au messager des dieux, et doit rendre des comptes à la redoutable Dr Kramartz – autrement dit "la doctoresse de la substance". Ni vivant ni trépassé, il se trouve de fait prisonnier d'une zone intermédiaire qui n'est pas sans évoquer celle jadis conçue par Cocteau pour sa transposition du mythe d'Orphée, dont ce film constitue une forme de continuité : après tout, il s'agit bien d'aller reconquérir un amour avalé par le royaume d'Hadès ?
Cette vision contemporaine et apaisée des psychopompes antiques, peu éloignée des anges "wendersiens", dégage un fantastique diffus, ainsi qu'un érotisme qui en confortent le charme mystérieux – la musique comme la superbe photographie ne sont pas étrangères à ce climat de séduction étrange. Et comme en clin d'œil, la présence au générique d'Antoine Chappey vient rappeler Les jours où je n'existe pas (2002) de Jean-Charles Fitoussi, une autre fable sur l'évanescence mystérieuse des corps. Rien ne se crée, rien se perd, tout se transforme...
Sortie le 28 août