"Le Mystère des pingouins" : oiseaux de bon augure

Le mystère des pingouins
De Hiroyasu Ishida (2019, Jap, 1h48) avec Kana Kita, Yû Aoi...

Leur ville inexplicablement envahie par des pingouins, plusieurs enfants profitent des vacances pour enquêter. Un songe astrophysique réalisé par le Japonais Hiroyasu Ishida drapé de poésie mythologique, empli de fantaisie. Et de palmipèdes.

Garçonnet éveillé mais réservé, Aoyama prend d’incessantes notes sur son entourage. Lorsque des manchots surgissent et s’évanouissent aussi vite qu’ils sont apparus dans sa ville, il cherche à comprendre en compagnie de quelques amis. Et de l’assistante dentaire dont il est (très) épris…

Ne vous arrêtez pas à l’extrême platitude du titre, évoquant un film à destination exclusive du très jeune public ! C’est d’ailleurs un peu la malédiction de nombreux "anime", où personnages humains et animaux se côtoient volontiers quant ils ne s’hybrident pas les uns avec les autres ; où des figures divines protectrices de la Nature s’incarnent volontiers dans des créatures réelles ou imaginaires – Pompoko, Porco Rosso, Mon voisin Totoro, Princesse Mononoke, Le Voyage de Chihiro, Les Enfants Loups, Ame & Yuki

Un florilège de situations reléguées aux contes pour enfants en Occident, quand elles constituent l’essence de contes à résonance morale ou philosophique au Japon – dont Takahata, Miyazaki ou Hosoda. Dans un autre registre, la problématique du titre trompeur se posera bientôt avec le très beau Je veux manger ton pancréas (en salle le 13 novembre), à mille lieues du film d’horreur puisqu’il s’agit d’une sorte de mélo…

Alerte

Le Mystère des pingouins s’inscrit dans la lignée de Lou et l’île aux sirènes ou Pompoko : il sonne comme une mise en garde à destination des habitants de la planète, à qui il faut un cataclysme pour que se réactive la nécessité de sa préservation. Derrière la poésie se devine la conscience de la fragilité du monde – héritage probable du traumatisme d’Hiroshima.

Au-delà de la parabole, ce film plein de malice décrivant joliment l'éveil d’Aoyama à la sensualité (avec de très nombreux plans sur la poitrine de l’assistante dentaire) demeure d’une très grande sensibilité là où il aurait pu tomber dans la grivoiserie pataude. Quant au dosage entre mystère, chronique enfantine à l’âge charnière, aventure pendant les grandes vacances et premières amours, il est joliment équilibré. Et ce, sans recours à la béquille "vintage" servant d’argument marketing à la série à succès Stranger Things

Le Mystère des pingouins
de Hiroyasu Ishida (Jap, 1h48) animation

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