De Grímur Hákonarson (Isl., 1h30) avec Arndís Hrönn Egilsdóttir, Sveinn Ólafur Gunnarsson, Sigurður Sigurjónsson...
La campagne islandaise. À la mort de son époux, Inga reprend l'exploitation laitière familiale et découvre l'emprise mafieuse de la coopérative agricole locale sur les fermes du coin. Malgré les intimidations, les mesures de rétorsion, Inga résiste et tente d'en rallier d'autres à sa cause...
Mjólk a un petit côté "Erin Brockovich contre les Soviets" ou pour faire plus imagé encore, le petit pot de lait en terre contre les pots-de-vin en fer. En apparence, la fermière isolée étranglée par les dettes ne peut pas grand-chose contre un système censément mutualiste et vertueux qui, avec le temps (et sous l'action d'un chef aussi avide que manipulateur), s'est transformé en machine surcapitaliste omnipotente. Mais nous sommes au cinéma où le bon droit peut triompher du vilain tordu ; alors on peut croire à un dénouement heureux. Même s'il vient de très loin.
Car Grímur Hákonarson charge la barque d'entrée, au point que l'on pense être dans un drame de la pire essence charbonneuse. Visant sans doute la comédie sociale à la Loach, avec ses coups d'éclats de groupe, il tente d'éclairer par la suite le tableau, peinant toutefois à balayer tout le plomb initial. Heureusement que le sujet – le cannibalisme du monde paysan par le modèle industriel, fût-il déguisé en coopérative – vient compenser une structure narrative méga classique et l'espèce de valse-hésitation tonale de l'ouverture.
On ne manquera évidemment pas de faire le lien avec Woman at War sorti l'an dernier – même s'il y a moins d'originalité formelle ici – en espérant toutefois que les cinéastes islandais ne se mettent pas tous à exploiter le filon de la quinquagénaire réfractaire limite anar s'attaquant au capitalisme et indirectement, aux fondements du patriarcat : à force, les quadra et sexagénaires pourraient se sentir exclu·e·s...