"Le Lauréat", ou comment le jeune Hoffman tua le vieil Hollywood

Un film culte de Mike Nichols sorti en 1967 à (re)découvrir mercredi 9 octobre au Ciné-Club de Grenoble.

Le Ciné-Club de Grenoble poursuit son cycle Nouvel Hollywood avec une œuvre dont l’influence dans la culture américaine peut se mesurer au nombre de références, citations ou parodies ayant émaillé les films et séries à travers les années – de Jackie Brown (1997) aux Simpsons, le spectre est large. En seul film, Mike Nichols a réussi à tuer le game des séquences d’ouverture sur tapis roulant d’aéroport, d’interruptions de mariage à l’église ou de fin dans un bus.

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Avec ce qui de surcroît pourrait tenir d’un "porn-milf-movie" : un jeune diplômé 'le lauréat du titre, campé par un Dustin Hoffman pourtant trentenaire malgré sa bouille poupine et son regard éberlué) entame une "coupable" liaison avec la séduisante mère d’Elaine Robinson, sa promise. En cette époque pré-woodstockienne, ce genre de romance était considérée contre-nature par les si moralistes studios soumis au code Hays. Mais cette (auto-)censure des productions vit ses derniers instants et Nichols s’en donne à cœur joie pour l’achever en multipliant les transgressions.

À son script "scabreux", il ajoute un montage "obscène" (pour matérialiser le trouble de Ben, il glisse des inserts de femme nue), et parsème le tout d’une musique signée par un duo de beatniks inconnus, Simon & Garfunkel, qui balancent une composition passée jusqu’alors inaperçue, le mélancolique Sound of Silence, complétée par l’allègre Mrs. Robinson.

Résultat ? Le Lauréat capte exactement les frustrations de la jeunesse pré-68, renâclant à entrer dans les chemins balisés d’une existence normée, conforme aux dogmes bourgeois de ses aînés ; se rebellant souterrainement contre la guerre au Vietnam et aspirant à la liberté. Le succès commercial et critique de ce manifeste fit vaciller le monde ancien, ouvrit des brèches à Hollywood. Nichols remporta l’Oscar du réalisateur et trois ans plus tard, un film classé X recevait celui du meilleur film, toujours avec Dustin Hoffman : Macadam Cowboy. Mais c’est une autre histoire…

Le Lauréat
Au Cinéma Juliet-Berto mercredi 9 octobre à 20h

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