Un Théâtre Sainte-Marie-d'en-bas pour « offrir à Grenoble un lieu dédié aux musiques de création »

Récemment nommé par la Ville de Grenoble pour gérer le Théâtre Sainte-Marie-d’en-bas, le Centre international des musiques nomades (CIMN), qui organise chaque printemps le festival Les Détours de Babel, vient tout juste de démarrer sa saison. Son directeur Benoît Thiebergien nous éclaire sur la singularité du projet culturel qu’il a imaginé pour ce lieu qui sera désormais destiné à faire dialoguer les musiques et les cultures.

Vous venez de prendre la direction du Théâtre Sainte-Marie-d’en-bas. Comment avez-vous imaginé la programmation de ce lieu ?

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Benoît Thiebergien : Le projet que j’ai proposé à la Ville reste le même que celui du Centre international des musiques nomades qui est la structure porteuse du festival Les Détours de Babel. Il s’agit donc d’offrir à la ville un lieu dédié aux musiques de création, à la croisée des formes contemporaines, improvisées et traditionnelles et surtout à la richesse de leur dialogue. Il n’y avait jusqu’à présent pas vraiment de lieu dédié à ces esthétiques. Cela vient donc combler un manque et surtout enrichir l’offre musicale grenobloise.

Quels seront les temps forts et les singularités de votre programmation ?

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Le théâtre va devenir un lieu de fabrique, d’élaboration, un espace qui donne le temps aux artistes de construire leurs projets. Il y aura donc une permanence artistique à travers des résidences qui vont s’enchaîner presque toutes les semaines et dont le public sera invité à découvrir le travail à l’occasion des soirées intitulées "sorties de résidences".

En parallèle de cela, vient se greffer une programmation de concerts avec des formes un peu rares et atypiques que nous coproduisons en réseau avec des structures telles que les ateliers d’ethnomusicologie de Genève, le musée du quai Branly ou le musée des Confluences de Lyon…

Enfin, le troisième point consiste à proposer régulièrement des "temps forts". À l’occasion des Journées du patrimoine, nous avons organisé un week-end autour de la question du patrimoine immatériel. Nous préparons un temps fort jeune public à la Toussaint, et un autre consacré au Brésil fin novembre. Et, bien sûr, nous accueillerons toujours les traditionnels brunchs du festival.

Le projet du théâtre sera donc essentiellement orienté autour de la musique...

Le projet reste résolument musical et ouvert à la création. On ne s’interdit pas de travailler avec d’autres modes d’expressions artistiques, à condition que la dimension musicale soit un élément constitutif du projet. Par exemple, pour le festival théâtral Les Envolées organisé par Troisième bureau, l’appel à projet lancé cette année est orienté autour de la question du théâtre musical.

Le théâtre est inscrit dans un quartier multiculturel (Alma - Très Cloîtres) dont l’identité est fort. Comment envisagez-vous de vous inscrire dans la vie de celui-ci ?

L’idée est d’en faire un théâtre ouvert sur le monde et sa diversité. Le fait d’avoir des artistes en résidence permet de mener des actions éducatives culturelles avec les partenaires de l’Éducation nationale et ceux du monde associatif. Le projet est de faire en sorte que le théâtre fasse partie de l’écosystème du quartier et soit en résonance avec ce qui le fait vivre. C’est un quartier très riche d’initiatives de la société civile.

Par ailleurs, on va monter plusieurs projets participatifs dont un orchestre avec les musiciens amateurs du quartier dirigés par des musiciens professionnels, ce qui va donner lieu à une représentation pendant le festival. Il y aura aussi un projet autour des arts sonores dont les acteurs vont enregistrer et récolter des témoignages des habitants afin d’en faire une restitution sous la forme d’une installation sonore au moment du festival.

Parmi les spectacles programmés au festival ou bien au théâtre, y en a-t-il un dont vous êtes particulièrement impatient de voir la réalisation ?

Évidemment il y en a beaucoup. Je pense en premier aux frères Chemirani, percussionnistes exceptionnels d’origine iranienne, qui vont être en résidence ici pour consolider leur duo avant ensuite de travailler en collaboration avec différents musiciens invités dont on verra une représentation lors du festival.

Il y a également Marthe, qui est un groupe de la région de sensibilité jazz et dont le projet est de travailler sur une création avec un trio vocal féminin Verbnoe Voskresenie, spécialiste de chants russes profanes et sacrés, rencontré au cours d’une récente tournée du groupe en Sibérie. Des aventures musicales "nomades", prometteuse comme nous les aimons !

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