De Fabienne Berthaud (Fr., 1h40) avec Cécile de France, Narantsetseg Dash, Tserendarizav Dashnyam...
Après la mort de son compagnon, Corine (Cécile de France) part au fin fond de la Mongolie pour se changer les idées. Alors qu'elle enregistre le son d'une cérémonie chamanique, elle entre dans une transe violente, révélant des dons de chamans insoupçonnés. Une lente initiation va alors commencer...
Il faut attendre le générique de fin pour apprendre qu'il s'agit d'un biopic. En soi, le détail n'a pas ou peu d'importance qui ne change rien dans le parcours de Corine. Indirectement, il résonne avec le sous-thème du film : la sérendipité (ou fortuité). En l'occurrence, le spectateur constate la véracité de l'histoire en étant entré dans une fiction comme Corine a découvert son "don" alors qu'exilée dans le travail à mille lieues du lieu de sa douleur, elle entamait son travail de deuil.
S'il laisse une grande part au mystère et à l'inconnu, Un monde plus grand ne verse pas pour autant dans l'ésotérisme : il inscrit a contrario le processus chamanique dans le cartésianisme occidental, Corine étant le trait d'union lui permettant d'être scientifiquement étudié.
Dommage cependant que Fabienne Berthaud ait été un peu timorée dans sa tentative "d'illustration" de la transe, c'est-à-dire dans la restitution de ce que perçoit la chamane lorsqu'elle accède à son niveau de vision supérieur – ou, pour reprendre l'image très parlante du film, lorsqu'elle « passe du premier au troisième étage de la Tour Eiffel ». Certes, l'on comprend la difficulté de figurer l'abstraction, mais l'art cinématographique permet d'en fabriquer de suffisamment évocatrices et métaphoriques pour susciter l'abandon de l'esprit et l'élargissement du champ des possibles – il suffit de se référer au finale de l'incontournable 2001 de Kubrick pour s'en convaincre. Malgré cela, le voyage est triple : initiatique, consolateur et dépaysant dans une Mongolie à la beauté... transcendante.