PB d'or 2019 : Musique

2019 restera à nos yeux comme une belle année sur le plan musical, côté artistes comme côté événements. On revient sur certains d'entre eux... qui ont notre préférence.

Le PB d'or du pavé dans la mare discographique : Gontard

Comme un symbole, c'est à cheval sur son label de résidence, l'activiste Ici d'ailleurs, et ses amis de Petrol Chips, pas moins engagés, que Gontard a livré cette année le terrible 2029. Où l'homme en colère dresse le portrait anticipé (et pourtant si actuel) d'une ville de province, la sienne, la vôtre, ravagée par l'ultra-libéralisme et écrasée par ces décisions venues d'en haut qui tombent comme des obus aux ondes de choc socialement mortelles : maire d'ultra-droite en guise de dommage collatéral, vie de misère chroniquée mollement dans le Dauphiné Libéral aux mains de la start-up nation et de ses avatars. Sur son précédent disque, Gontard pointait La main tiède de la violence. On la voit ici se durcir sous nos yeux en un terrible écho à l'actualité sociale. Un album suffocant et pourtant une bouffée d'oxygène.

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Le PB d’or du concert le plus fédérateur : Omar Souleyman à la Belle électrique

Il y avait bien sûr la musique : fulgurante, futuriste, innovante, hypnotique, presque inchangée depuis ses débuts dans les années 90, lorsqu’Omar Souleyman n’était encore qu’un chanteur de mariages au fin fond du nord-est syrien. Sans oublier le charisme hors-norme du personnage, capable d’embraser une salle entière seul sur scène aux côtés d’un claviériste au talent redoutable, à l’aide d’un simple micro et de quelques gestes des mains. Mais ce qui a rendu cette date si mémorable, c’était peut-être aussi, tout simplement, l’ambiance de liesse populaire, à la fois énergique et chaleureuse qui y régnait du début à la fin. Cosmopolite, composé de tous les âges et de toutes les tranches de la population, le public avait laissé ses préjugés au vestiaire pour mieux célébrer la musique. Dans l’idéal, la Belle électrique devrait toujours ressembler à ça.

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Le PB d'or du concert démentiel que personne n’a vu : Yeah You au Centre d’Art Bastille

C’était en avril dernier. Un vent glacial battait les flancs de la Bastille et il ne devait y avoir dans la petite salle, à la jauge pourtant déjà restreinte, guère plus d’une quinzaine de personnes. Sur scène, enfin plus précisément au fond de la salle, un père, grand échalas dégingandé aux cheveux mi-longs affairé sur ses machines, et une frêle adolescente, dissimulée dans une doudoune trois fois trop grande, capuche sur la tête et micro à la main. La musique produite par ce curieux duo était plus étrange encore, amas chaotique de strates noisy électroniques ultra lo-fi et de rythmiques concassées cahoteuses en grande partie improvisées. Improvisation aussi pour la jeune chanteuse au micro, qui scandait/rappait/hurlait ses paroles en mode flux de conscience, comme envoûtée, la voix passée à travers une multitude d’effets. C’était Yeah You, c’était magique, et c’est dommage que tout le monde ait manqué ça.


Le PB d'or du festival pas comme les autres : Chips Fest

Ne tenant pas en place, comme le démontre le line-up particulièrement remuant qui sévit sous sa bannière, le label grenoblois Petrol Chips a fini par monter son propre festival. Et comme du côté de chez Ray Borneo, qui préside aux activités dudit événement, on ne fait rien comme les autres, il s'agit d'un festival itinérant (en gros une tournée discontinue), investissant divers sites de notre grande région, de Grenoble à Lyon en passant par Valence. À l'affiche, qui d'autre que l'équipée sauvageonne maison ? Gontard bien sûr, Borneo forcément, Olivier Depardon, Bleu Russe et très évidemment Lomostatic, entité qui réunit tout ce beau monde dans un supergroupe à géométrie variable. Une fort belle manière d'aller prêcher la bonne, la mauvaise et la très forte parole par monts et par vaux, en bugne à bugne. Parce que chez Petrol Chips, on vous remplit les esgourdes en vous regardant dans les yeux.


Le PB d'or du concert de réouverture le plus réussi : Deerhoof au Ciel

C’était ce qu’on appelle une réussite exemplaire, et vu l’atmosphère euphorique qui régnait dans la salle ce soir-là, le public ne s’y est pas trompé. Pour son concert de réouverture du Ciel, l’équipe de Plege (désormais en charge de la gestion du lieu) avait convié Deerhoof, mythique formation noise/pop cosmique de San Francisco, en activité depuis 25 ans. Et c’est peu dire que le groupe n’a pas déçu, très loin de là. Il faut dire aussi que les deux premières parties (le duo Lucas Ravinale & Loup Uberto, suivi de Portron Portron Lopez), qui évoluent dans des registres très différents mais partagent avec Deerhoof un goût pour les ruptures de ton, avaient déjà placé la barre très haut. Mis bout à bout, les trois concerts formaient ainsi un cocktail musical à la fois subtil et vigoureux, comme on n’en goûte que trop rarement.

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Le PB d’or du festival classieux et prometteur : le Musée électronique

« Un festival élégant mais pas pédant » : c’est ainsi que l’équipe du producteur grenoblois le Périscope nous présentait au printemps dernier son nouvel événement prévu en juin. Le concept ? Un festival de musique électronique organisé en fin de journée / début de soirée (18h – minuit) pour toucher un large public dans le cadre des splendides jardins du Musée dauphinois nichés à flanc de Bastille.

Si la programmation de la première édition a pris peu de risques, alignant les noms bankables (Agoria, Breakbot, Busy P, Myd…), on attend la suite avec impatience tant la soirée d’ouverture du festival a été une réussite niveau ambiance et, en effet, classe (c’était moins le cas de la seconde soirée, annulée à la dernière minute pour des raisons météorologiques – la faute à pas de chance).

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