Théâtre : six mois riches en émotions variées

Panorama culturel 1er semestre 2020 / La richesse de l'offre théâtre à Grenoble et dans les environs promet bien du plaisir aux amoureux des planches. Florilège de ce qui vous sera proposé avant l'été.

Le Petit Livre d'Anna Magdalena Bach

Pour ce spectacle qui sera créé à la MC2, la dramaturge et metteuse en scène Agathe Mélinand, fidèle collaboratrice de l’homme de théâtre et d’opéra Laurent Pelly, mêlera théâtre et musique. Logique, comme il sera question de la famille Bach, et notamment de la seconde épouse de celui qui était « la musique sur la Terre » comme elle le disait. Un spectacle annoncé comme tout public qu’on s’empressera d’aller découvrir, tant on aime Bach, mais aussi et surtout le travail précis d’écriture d’Agathe Mélinand.

À la MC2 – Du 21 au 31 janvier


Rien à dire

Drôle de nom pour un spectacle, mais tout s’éclaire quand on découvre ce dont il est question. Un clown muet nous invite chez lui (au sens littéral du terme – vous comprendrez) et, surtout, dans son quotidien tendrement décalé, à base d’armoire qui régurgite des paires de chaussettes et d’ampoules farceuses. Un petit bijou burlesque vintage (on pense beaucoup au cinéma muet en regardant le Catalan Léandre Ribera) empli de poésie qui rencontre un succès dingue : 400 représentations dans le monde, aussi bien en salle que dans la rue !

Au Prisme (Seyssins) – 30 janvier


Joueurs / Mao II / Les noms

Qui n’a pas encore vu le travail du metteur en scène Julien Gosselin doit réparer son erreur. Depuis une demi-douzaine d’années, ce jeune trentenaire élabore un théâtre à l’ambition folle, en portant sur le plateau de grands récits romanesques. Après Les Particules élémentaires de Michel Houellebecq et 2666 de Roberto Bolaño, il s’est confronté cette fois à trois textes de l’États-Unien Don DeLillo, qui brassent des questions très larges et contemporaines – capitalisme, terrorisme, individualisme. En découle un spectacle-fleuve de presque dix heures dans lequel on se perd souvent mais qui dégage une immense force tant narrative que plastique.

À la MC2 – 1er et 2 février


Illusions

Sous apnée : c'est comme cela que commence ce spectacle d’une heure vingt que le metteur en scène lyonnais Olivier Maurin a créé en juin 2016. Clémentine Allain, lumineuse trentenaire, donne voix durant une quinzaine de minutes à un vieil homme qui, à 84 ans, s'apprête à mourir et fait son ultime et bouleversante déclaration d'amour à celle qui l'accompagna toute sa vie. La rupture de ton est ensuite fracassante et les volte-face nombreuses dans ce texte du quadra russe Ivan Viripaev, toujours en prise, plus ou moins directe, avec son pays malade. Dans un dispositif en bi-frontal, Illusions désarçonne.

À la MC2 (tournée décentralisée) – Du 6 au 9 février
Au Théâtre Jean-Vilar (Bourgoin-Jallieu) - 13 et 14 février


L’œil égaré

Voici un montage de fragments poétiques peu connus de Victor Hugo, écrits lors de sa période d'exil, que le comédien Sébastien Depommier, souvent vu sur les scènes de l'agglo il y a quelques années, incarne sous l’oeil précis de la metteuse en scène Muriel Vernet. En résulte un seul-en-scène intense (à la base créé en extérieur, mais également présenté dans des théâtres comme ce sera le cas à Grenoble) dans lequel on se perd souvent, à l'image du Hugo en plein doute, en pleine introspection, qui a couché ces mots sur le papier. Vertige de la poésie...

Au Théâtre 145 - 15 février


Elle pas princesse, lui pas héros

C’est une question qui revient souvent dans l’actu et on trouve bien que les artistes s’en emparent pour mieux nous faire réfléchir. En partant d’une commande d’écriture adressée à l’autrice Magali Mougel, le metteur en scène Johanny Bert a conçu un spectacle tout public qui déconstruit habilement les questions de genre – en gros, qu’est-ce qu’être un garçon et qu’est-ce qu’être une fille ? Et qui, par sa forme (le public, regroupé dans une école, est divisé en deux groupes), a un petit côté ludique bienvenu qui parle autant aux enfants (à qui l’écriture s’adresse particulièrement) qu’aux plus grands.

À la Faïencerie (La Tronche) hors les murs à l’école Le Coteau – 21 février


Valletti Circus

Une journée spéciale pour découvrir trois textes de Serge Valletti, immense nom du théâtre contemporain français. Trois solos dans lesquels la langue du Marseillais met en place un univers loufoque habilement dissimulé derrière une apparente légèreté. Si nous n’avons pas pu voir ces spectacles avant leur venue à Grenoble, on attend beaucoup de ces quatre heures de théâtre.

À la MC2 – 13 et 14 mars


Le Grand Théâtre d'Oklahama

Présentée en 2018 au Festival d'Avignon, cette création imaginée avec les comédiennes et comédiens handicapés mentaux de la compagnie professionnelle Catalyse (une troupe mise sur pied dans les années 1980 par Madeleine Louarn) est un petit bijou. Il s’agit d’une sorte de mise en abyme sur le monde du spectacle puisque, sur scène, on suit les aventures d'un homme juif exilé qui s'installe aux États-Unis et rejoint un théâtre qui « emploie tout le monde et met chacun à sa place » comme l'écrit Franz Kafka dans le roman qui sert de matière première à ce projet. Un projet à plusieurs niveaux de lecture qui dégage une poésie et un humanisme bienvenus.

À la MC2 – Du 24 au 26 mars


L’Orestie

Georges Lavaudant n'en finit plus de revenir dans cette maison de la culture grenobloise dont il fit les (très) beaux jours de 1981 à 1986. Il revient à l'essence du théâtre et n'y ajoute rien qui puisse détourner le spectateur des propos d'Eschyle. Il avait déjà monté cette Orestie à l'Odéon de Paris en 1999 dans une scénographie dépouillée qu'il a réitérée (et ré-arrangée) cet été aux Nuits de Fourvière avec un casting royal (Anne Alvaro, Pascal Rénéric, Mélodie Richard !). Si nous n'avons pas pu voir cette version à cause d'une météo capricieuse lors des représentations lyonnaises, il nous confiait que L'Orestie fait partie des pièces cultes qu'il a toujours envie de remettre en chantier.

À la MC2 – DU 24 au 28 mars


Le Songe d’une nuit d’été

Le metteur en scène et comédien Grégory Faive est de ceux qui dynamitent la scène théâtrale locale, avec un recul (voire un second degré) bienvenu. S’il nous a plutôt habitués à monter des auteurs contemporains (Torreton, Kermann, lui-même !), le voici cette fois au commande d’un Shakespeare, avec sur le plateau des comédiens et comédiennes amateurs. Mais d’un Shakespeare féerique et drôle avec lequel, on l’espère, il fera des étincelles. Réponse très prochainement, donc.

Au Grand Angle (Voiron) – 17 avril


Borderline(s) investigation #1

Il est agrégé de géographie mais aussi comédien et metteur en scène : depuis la création de sa compagnie Vertical Détour en 2001, Frédéric Ferrer travaille à partir de sources documentaires, d'enquêtes, et collabore avec des scientifiques. Après une série de cartographies théâtrales du monde (sur les canards perdus, les vikings, le Pôle Nord...), il signe, avec ce spectacle créé en octobre 2018, une passionnante et dense conférence à trois voix sur la collapsologie (science de l’effondrement) à laquelle il s’intéresse depuis 2005, bien avant que ce ne soit une mode. L'extinction des masses ou encore la probable désintégration de la Terre sont au programme avec jubilation, sérieux et un brin de folie dans plusieurs langues avec ces chercheurs internationaux. Bluffant.

À l'Hexagone (Meylan) – 5 et 6 mai


Ma langue maternelle va mourir et j'ai du mal à vous parler d'amour

Un titre à rallonge pour un spectacle sobre dans sa forme (un conteur, un musicien, point) mais puissant dans ce qu’il convoque sur le plateau. Yannick Jaulin, souvent vu à Grenoble et au festival des Arts du récit, croise son histoire (son enfance dans les Deux-Sèvres notamment) avec la grande, plus politique, pour raconter la destinée tourmentée des langues régionales. « Un joyeux baroud d’honneur des minoritaires » comme il l’écrit en note d’intention. On en parlera plus longuement avec lui en temps voulu tant il y a à dire – et à raconter.

À la Bobine – 14 mai


Causer d'amour

Ici, le conteur Yannick Jaulin nous cause d’amour, du grand, du fort, avec son fameux « parlange vendéen ». Et aussi – surtout – des ratés, des échecs du cœur… Un spectacle sensible, qui reprend certains passages de son précédent Ma langue maternelle va mourir et j'ai du mal à vous parler d'amour (à voir à la Bobine, également dans le cadre du festival des Arts du récit), parfait pour se frotter une première fois à l’univers jaulinesque comme pour y demeurer.

À la MC2 – 16 mai


Contes et légendes

Rarement un travail n'aura été autant la synthèse de tout ce que son auteur a pu faire précédemment. Joël Pommerat, 56 ans, revient au théâtre, après deux opéras et quatre ans après Ça ira - Fin de Louis (1) dont il n'y a pas (pour l'heure) d'épisode 2. Contes et légendes est une projection de ce que pourrait être le quotidien de chacun avec des humanoïdes à domicile. Lors de saynètes séparées par des fondus au noir, ce robot humain est l'ami, la bonne, le confident. Il est aussi une chose qui se vend, s'évalue, se jauge, s'achète à l'instar des esclaves jadis. Langage cru, acteurs interchangeables au point que l'humanoïde s'incarne en chacun... Cette nouvelle création, née à l'automne, est du pur Pommerat. Son texte s'avère parfois faible mais sa maîtrise du plateau totale.

À la MC2 – Du 9 au 13 juin

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