Danse / Le confinement ne les a pas réduits au silence : co-responsables du Centre chorégraphique national de Grenoble (CCN2), Rachid Ouramdane et Yoann Bourgeois ont choisi de diffuser certains de leurs anciens spectacles sur Internet. En coulisses, ils imaginent la suite.
FFace aux difficultés du moment, les deux têtes pensantes du CCN2 n'ont pas baissé les bras. Au contraire : Rachid Ouramdane et Yoann Bourgeois ont tenu, eux aussi, à maintenir ce lien à la culture, « si important pour chacun de nous ». « Une évidence », jugent-ils simplement. Dès le début du confinement, les deux hommes ont donc ressorti quelques spectacles de leurs archives : il suffit de se connecter sur le site Internet de l'établissement pour avoir accès à des vidéos gratuites (sans abonnement).
Solidaire, le duo rassure sur son état de forme. « Je mesure ma chance de vivre ce confinement là où je suis et de cette manière, dit Yoann Bourgeois. De telles inégalités sont mises au jour qu'il serait indécent d'aller mal dans ma situation. Cette crise nous offre matière à réfléchir sur ce qui se passe au présent et invite à faire un pas de recul pour dessiner l'avenir. Je vais plutôt bien, même avec une certaine part d'incertitude. » Rachid Ouramdane, lui, note que personne n'a été touché par la maladie parmi ses proches. Deux collaborateurs du CCN2 l'ont été, mais sans que cela justifie une hospitalisation. Des démarches ont été entreprises pour que l'ensemble de l'équipe permanente puisse, dans la mesure où cela était nécessaire, rester chez elle, en télétravail. « Sans parler de ce type d'incidences, la situation est complexe et d'une grande violence. Tout cela nous rapproche aussi de nos métiers, basés sur le contact physique et le déplacement. À terme, nos modalités de fonctionnement devront être questionnées ».
Incertitudes à court terme
Yoann Bourgeois admet qu'à ce jour, le CCN2 « avance un peu dans l'inconnu ». Pas facile d'avoir une vision claire de l'avenir, d'autant que l'établissement se produit aux échelons local, régional, national et international. Une certitude : le Grand Rassemblement 2020, prévu les 13 et 14 juin au parc Bachelard (Grenoble), n'aura pas lieu. L'événement We are Kids, lui, a été déplacé aux vacances de la Toussaint, du 20 au 23 octobre 2020 (des dates à confirmer). Au-delà des spectacles, Rachid Ouramdane dit s'être également inquiété d'un « contact coupé avec d'autres publics », ceux qui participent aux ateliers du Centre, notamment, enfants, adultes amateurs ou même professionnels. Il tâche donc de continuer à donner des nouvelles pour préserver « les complicités qui nous unissent à eux », avec une pensée toute particulière pour les plus fragiles, y compris parmi les partenaires du CCN2.
Pour l'heure, pas de raison de désespérer. « Il faut accepter que personne ne puisse dire comment les choses évolueront », juge Yoann Bourgeois, lucide. Beaucoup de paramètres influeront sur l'avenir, mais le CCN2 peut toujours compter sur le soutien de ses partenaires publics. « Nous avons également puisé dans nos réserves et, de fait, nous tenons le coup. Aujourd'hui, nous pouvons nous réjouir de la gestion saine de notre établissement. Il faudrait simplement que tout cela ne dure pas trop longtemps. Au-delà de juillet, les choses deviendraient compliquées. » Il faut évidemment voir large et à long terme, certains spectacles annoncés risquant de ne pas avoir lieu... faute d'avoir été produits ! La reprise de l'activité à Grenoble, elle, dépendra aussi de la MC2, dont le bâtiment accueille les locaux du CCN2. Rachid Ouramdane et son binôme ont hâte d'enfin retrouver le public. Ce n'est pas qu'une lubie personnelle : le Centre emploie une quinzaine de permanents et, chaque saison, quelque cinquante intermittents.