"Nous, les chiens" : l'esprit de la meute

Animation / de Sung-yoon Oh & Lee Choonbaek (Cor. du S., 1h42)

Abandonné par son maître, un brave toutou domestique se voit heureusement adopté par une meute de ses congénères errants. L’instruisant des dangers de sa nouvelle condition, ceux-ci lui font aussi miroiter une liberté jusqu’alors insoupçonnée. Commence un voyage initiatique…

Il faut désormais compter avec un nouveau membre (bicéphale) dans le cénacle de l’animation asiatique. N’ayant rien à envier à leurs confrères nippons, les Coréens Sung-yoon Oh et Lee Choonbaek signent en effet ici un conte contemporain où l’on retrouve autant l’aspiration à l’essence sauvage et la fatalité épique de London qu’une célébration de la nature hors de l’aliénation des humains si chère à Thoreau, Miyazaki ou Takahata. Mais aussi en filigrane — et c’est sans doute ce qui fait son originalité — quelques caractéristiques politico-sociales propres à leur pays. À commencer par l’évocation de la partition entre le Nord et le Sud et l’existence de la Zone démilitarisée “tampon“ entre les deux Corées, frontière immatérielle autant qu’absurde pour des chiens. Et puis la situation de ceux qu’on ne veut pas (plus) voir et sont chassés du paysage parce qu’ils n’ont plus la faveur de leurs capricieux propriétaires ou gâchent le tableau urbain… Qu’il s’agisse de chiens ou de pauvres, leur invisibilité organisée est la même ; il ne leur reste plus qu’à trouver la parade pour survivre en conquérant leur Eldorado — Parasite et Nous, les chiens, même combat.

Jouant sur l’anthropomorphisme autant qu’elle incite à épouser l’affect canin, cette fable cultiverait-elle le paradoxe ? En réalité, ce grand écart est l’une des clefs de son accessibilité à un public débordant le cercle enfantin. On comprend que le distributeur The Jokers (tiens tiens, le même que Parasite) ait attendu sans fléchir ni céder aux sirènes de plateformes que les salles rouvrent pour soumettre ce film totalement familial à la foule des spectateurs. Cette patience mérite d’être payée en retour.

Jouant sur l’anthropomorphisme autant qu’elle incite à épouser l’affect canin, cette fable cultiverait-elle le paradoxe ? En réalité, ce grand écart est l’une des clefs de son accessibilité à un public débordant le cercle enfantin. On comprend que le distributeur The Jokers (le même que Parasite) ait attendu sans fléchir ni céder aux sirènes de plateformes que les salles rouvrent pour soumettre ce film familial à la foule des spectateurs. Cette patience mérite d’être payée en retour.

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