Un nez rouge et beaucoup d'efficacité

Initiative / Solidarité / Leur look amuse, mais leur action est sérieuse : les clowns de la compagnie Les Coulisses à ressorts se produisent dans plusieurs structures de soins de l’agglo, auprès de personnes isolées ou vulnérables. C’est très utile !

Il pourrait travailler sur la scène des théâtres ou la piste des cirques, pour la joie des petits et grands enfants. Yoann Bonnier préfère s’exprimer autrement et, en guise de public, se tourner vers des spectateurs adultes fragiles, dans les EPADH, les foyers de vie et les structures d’accueil de personnes en situation de handicap. Clown professionnel depuis douze ans et membre actif de la compagnie Les Coulisses à ressorts, il intervient régulièrement en milieu de soins. Avec d’autres adhérents de l’association, il invente des univers et fait naître des rires, de la réflexion, de la mélancolie… en somme une palette d’émotions en des endroits où elles sont difficiles à faire sortir. « Nous ne considérons surtout pas comme des soignants, mais les équipes des structures avec lesquelles nous travaillons peuvent utiliser notre action comme levier thérapeutique auprès des personnes dont elles s’occupent, indique Yoann. Notre idée d’artiste est de soutenir le vivant, d’apporter à ces personnes un rire, une énergie différente ou un petit coup de peps, dans des endroits souvent clos ou isolés, et d’entrer dans un temps de partage. » Cela ne s’improvise pas, bien sûr : la compagnie s’adapte à chacun de ses publics et tient attentive aux réactions qu’elle suscite, afin de faire oublier – au moins le temps d’une intervention clownesque – les difficultés qui auront conduit certains d’entre nous vers un établissement de soin. Reconnue pour son efficacité sur le terrain, sa démarche s’inscrit idéalement dans un temps long : « Nous nous efforçons de monter des projets sur une durée de six mois, d’un an ou davantage quand c’est possible. Cela nous permet d’apprendre à bien connaître les gens que nous rencontrons. » Adultes vulnérables et personnels des structures d’accueil confondus.

Efficaces sur le terrain

À Saint-Égrève, Elisabeth Berthet dirige le Foyer La Monta, l’un des établissements de l’Association familiale de l’Isère pour personnes handicapées (AFIPH). Avec son équipe, elle travaille auprès de 68 résidents, hommes et femmes, entre 22 et 60 ans. « Ces personnes sont atteints de déficiences intellectuelles plus ou moins sévères, accompagnés souvent de troubles associés, comme le diabète, l’épilepsie, l’autisme ou la schizophrénie. » Depuis un goûter de Noël il y a déjà quelques années, les clowns des Coulisses à ressorts interviennent régulièrement au sein du foyer. Au départ, il a fallu vaincre le scepticisme affiché par une partie du personnel, mais passée cette étape, « cela a tout de suite matché », comme le dit la directrice. Les artistes viennent une fois tous les quinze jours, entre septembre et novembre, puis de janvier à juin. Ils s’intègrent véritablement à la vie des résidents, en étant en contact direct avec eux, en s’asseyant à leur côté et en leur parlant. « Notre équipe a avec les clowns des réunions régulières, pour avoir leur retour et formuler des demandes dans certains cas », précise Elisabeth Berthet. Les soignants sont satisfaits : ils voient leurs résidents retrouver le sourire, s’ouvrir sur des sujets difficiles et profiter d’instants de bien-être partagé. C’est évidemment bénéfique à toutes et tous. Informées elles aussi, les familles témoignent de la richesse de ce que les nez rouges apportent à leurs parents. À La Monta, cela fonctionne si bien que, lorsque les clowns sont absents, les résidents réclament leur présence. Le foyer cherche désormais des solutions pour les accueillir de manière plus pérenne.