Un film à (re)découvrir vendredi 23 octobre à 18h dans le cadre du cycle "Godard / Truffaut" de la Cinémathèque de Grenoble.
Une antique légende rapporte que, jadis, les cinéastes signaient un premier long-métrage ultra-personnel, une sorte de fourre-tout dans lequel ils déversaient leurs affects en puisant jusqu'aux tréfonds de leur âme, puis enchaînaient avec un polar. Godard, toujours prompt à se distinguer, commença par À bout de souffle, un policier tellement tordu qu'il respecte en définitive l'adage. Quant à Truffaut, scénariste du précédent, il débuta par l'autobiographie déguisée Les 400 Coups, avant d'adapter l'auteur états-unien David Goodis à sa moulinette dans Tirez sur le pianiste (1960).
Écrasé par deux succès devenus des classiques (Jules et Jim sortira l'année suivante), ce film noir passe pour mineur alors qu'il fourmille de ruptures de ton et d'irrévérences, sautant de la comédie à la mélancolie. Un vrai long-métrage cyclothymique !
Bobby Lapointe y chante sous-titré, Michèle Mercier (avant Angélique) dévoile ses appâts et Charles Aznavour compose un pianiste d'origine arménienne tenaillé par le deuil (est-ce tant une composition ?). Ajoutons, pour faire local, qu'il fut tourné partiellement à Grenoble. À revoir vendredi 23 octobre, à 18h au cinéma Juliet-Berto (À bout de souffle sera projeté la veille).