L'amour à la machine féministe avec Sophia Aram

Humour / Peut-on s’amuser du sexisme et de ses conséquences tragiques ? L’humoriste engagée Sophia Aram répond avec un grand oui dans son nouveau spectacle "À nos amours". Son rire féministe et salvateur sera à retrouver début janvier à Villard-Bonnot et Sassenage.

L’humour engagé est toujours clivant, forcément. Sophia Aram clive, donc, notamment avec ses chroniques sur France Inter que celles et ceux qui ont horreur de la bien-pensance (enfin, bien-pensance, façon de parler, cette expression n’ayant jamais le même sens selon qui l’emploie) semblent prendre plaisir à écouter pour se mettre tout colère dans la foulée. Après trois spectacles sur des sujets a priori pas très drôles (l’école, la religion et la montée de l’extrémisme), voilà qu’elle s’attaque à la question ô combien actuelle du féminisme.

Notre société patriarcale qui étouffe (voire tue) les femmes la révolte et elle l’annonce directement, mais avec un humour moins dur qu’il n’y paraît. Car là où d’autres auraient pu partir tête baissée sur un rire accusateur (et pourquoi pas, tant on a parfois besoin d’être secoués), Sophia Aram, elle, choisit la voie de la dérision : cette situation est dingue, et on va en démonter les mécanismes ensemble afin de la rendre grotesque. Comme lorsqu’elle explique que si les hommes avaient leurs règles, on saurait tout, mais alors tout de leurs douleurs. Ou lorsqu’elle revient sur le traitement médiatique catastrophique des féminicides, ces fameux "crimes passionnels" qui sont même présentés parfois de façon comique – « ivre, il poignarde sa femme en croyant ouvrir une boîte de pizza ».

Féminisme pour tous

Il n’y a rien de vraiment neuf dans ce que propose Sophia Aram, les enjeux féministes étant de plus en plus présents dans l’espace médiatique (dans le cas des violences faites aux femmes, elle s’est inspirée du Tumblr "Les mots tuent" de Sophie Gourion). Et également dans le vaste monde des humoristes – on pense au spectacle Féministe pour Homme de Noémie de Lattre par exemple, dont on a longuement parlé dans ces pages la saison passée.

Qu’importe la possible redondance, tant Sophia Aram mène parfaitement son spectacle avec un sens du rythme précis alternant idées et vannes. Et tant mieux même, tant ce qu’elle dénonce a besoin d’être rabâché encore un paquet de fois pour qu’enfin tout le monde s’en émeuve. Voire, sait-on jamais, réagisse.

À nos amours
À l’Espace Aragon (Villard-Bonnot) vendredi 8 janvier à 20h
Au Théâtre en rond (Sassenage) samedi 9 janvier à 20h30 et dimanche 10 janvier à 15h