Marc Di Malta : liberté, humilité, réalité

Nouvel album / Dans son second album solo, Obsolète, l’auteur-compositeur grenoblois parle de son époque et de nous autres terriens avec recul et humilité, sur une musique sublimement arrangée. Oui : c’est un coup de cœur.

Qu’elle est grande la chanson française lorsqu’elle ne s’encombre d’aucune démagogie : vierge d’injonctions et de principes, indifférente aux poncifs politiques bien dans l’air de son temps, délestée des obsessions médiatiques du moment… Qu’elle est grande alors, puisque vouée à la complexité, à la profondeur, aux paradoxes, à la justesse, à la réalité – reflet sincère, humble et unique de son auteur. Marc Di Malta, en l’occurrence. Ce musicien grenoblois (ex-batteur de Staël et membre du duo Haizi Beizi) publie, le 25 janvier prochain, son second album solo, Obsolète. Après une première réalisation, Flou en 2015, il a décidé de rassembler plusieurs morceaux, composés ces dernières années et ces derniers mois, au sein d’un même disque : « J’ai remarqué qu’il existait un fil entre toutes ces chansons et j’ai cherché un ordre cohérent pour que ça raconte une histoire. »

« J’ai recours à l’écriture automatique »

Bien sûr, au cours de ces onze titres, Marc Di Malta parle de son époque, mais avec le recul nécessaire à la pertinence. L’artiste s’éloigne volontairement de ses indignations ou émotions premières pour ne pas les évoquer frontalement : « J’ai recours à l’écriture automatique dans un premier temps, je note des mots, je laisse le hasard me guider, m’emmener vers des choses auxquelles je n’aurais pas pensé. Le résultat est souvent en accord avec ce que je voulais dire au départ, mais sans message prédigéré. » Ainsi la pensée s’élève et les textes prennent de l’envergure. Si le morceau éponyme, Obsolète, s’interroge sur la relative insignifiance de l’être humain, il semble aussi rendre hommage à cette splendide inutilité : « À l’heure où tout le monde veut absolument être reconnu comme "essentiel", il me semble très honorable de ne pas l’être ! », complète-t-il en artiste lucide. Pareilles nuances se retrouvent dans Ce que l’on fait de mieux où il écrit, non sans optimisme voilé : « Le bruit qui s’organise, un chien qui suit son maître, et toi qui suis son chien. » Mais qu’on ne s’y trompe pas, l’album varie les thèmes : impressions sélectives d’un voyage en train de nuit (Compartiment sept), quête vaine du souvenir envolé (Jasmin), mélancolie (presque) passagère (Les jours blancs)…

Des partitions surprenantes

Ce qui frappe le plus cependant, c’est la musique qui accompagne ces textes souvent parlés. Seul avec sa carte son, sa guitare et son synthé, Marc Di Malta construit des partitions surprenantes. Il se joue parfois des tonalités, les entrecroisent, les volutent dans des transitions pourtant pop. Et quel arrangeur ! Un accord par-ci, quelques sifflements par-là, un arpège électro ici, un sample de vieux film là-bas... Un ostinato de basse qui s’entête, se camoufle… et explose à nouveau ! La musique d’Obsolète, vive et planante, mutine et mélo, de chambre et de foule, est tout simplement parfaite. D’ailleurs, deux morceaux sans paroles ponctuent ce disque éternellement d’actualité, Deux mille vingt et Début – respectivement virgule et point final...

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