Festival / Et si le monde d'après commençait le 25 juin en l'antique théâtre de Vienne avec pour bande-son un peu (beaucoup) de jazz ? Alors que sonne la débandade au royaume des festivals estivaux, Jazz à Vienne veut y croire en dévoilant une programmation à l'ancienne avec de vrais musiciens à présenter à un public en chair et en os. Les promesses n'engageant que ceux qui y croient, on y croit. Un peu.
18 soirées, trois hommages, huit cartes blanches, voilà ce que nous promet Jazz à Vienne pour son édition 2021 placée sous le signe de la « relance », du « combat » et de la « générosité ». Il faudra au moins ça pour que le festival débute bien le 23 juin (prochain, pas 2022) et se termine comme une fleur le 10 juillet. Ça, de bonnes doses de vaccins et accessoirement de chance aussi. Car quand on dit « voilà ce que nous promet Jazz à Vienne », il faut bien admettre qu'il s'agit davantage d'un vœu pieu déguisé en promesse de la part d'un événement malgré tout conscient du caractère incertain de l'avenir quand on se trimballe un présent pareil. Mais enfin bon puisque programmation il y a, alors parlons de programmation sans nous attarder, ça nous changera, sur les moyens de la mettre sur scène cet été et devant un public avec ça.
Tout commencerait donc le 23 juin avec une soirée qui commence à trouver le temps long puisque déjà prévue pour l'an dernier : celle de l'ouverture qui accueillera le petit fiancé de Jazz à Vienne, Jamie Cullum, et avant lui, la batteuse Anne Paceo et son projet Bright Shadows. Les 24 et 25 juin, Jazz à Vienne propose, à destination du jeune public (c'est à 10h, heure scolaire), une création, sous la forme d'une re-création et d'une récréation, soit, après celle de 2015 par l'Amazing Keystone Band, une nouvelle adaptation du Carnaval des Animaux de Camille Saint-Saëns, cette fois façonné par Florent Briqué (direction musicale) et Blick Bassy (écriture) et dite par le radioman Soro Solo. Le soir comme l'an dernier (enfin ce qui aurait dû être l'an dernier), cap sur les Afriques de Salif Keita, Keziah Jones & Qudus Onikeku et Julia Sarr.
One Shot Not (or not ?)
Le dimanche 27, deux grands innovateurs pop du jazz animeront la soirée, l'autre petit fiancé de Jazz à Vienne, Ibrahim Maalouf, et Laurent Bardainne (Poni Hoax, Limousine, Supersonic) avec son énième projet Tigre d'eau douce. Ibrahim Maalouf qui revient le lundi 28 en mode AstraZeneca pour une deuxième dose, agrémenté d'une carte blanche à Erik Truffaz, en compagnie d'Andrea Bollinger et Sly Johnson. Le mardi bien sûr c'est Soirée Piano avec un autre petit fiancé de Jazz à Vienne, Brad Meldhau, en solo, et un hommage à Michel Petrucciani par toute une fleur très fine : Géraldine Laurent, Laurent Coulondre, Andrea Motis, Flavio Boltro, Jacky Terrasson, André Ceccarelli...
Quant au mercredi 30 ce sera « fils de... » mais dont les paternels n'ont pas grand chose à voir avec leur vocation : Thomas Dutronc et Kyle Eastwood (qui vient distiller, en carte blanche, ses plus belles musiques de film avec entre autres le petit fiancé de Jazz à Vienne, Hugh Coltman). Alors que voilà déjà le mois de juillet, nouvelle vague toujours, le lendemain, avec une belle doublette à coloration afro Deluxe/Nubiyan Twist. Puis soirée cubaine – et même un peu afro-cubaine – avec la carte blanche à Roberto Fonseca et l'alliage Richard Bona/Alfred Rodriguez. Le dimanche 4 juillet, deux cartes blanches d'un coup : la première avec le petit fiancé de Jazz à Vienne, Marcus Miller, la seconde avec Manu Katché en mode One Shot Not, du nom de son émission de jadis sur Arte.
La présence de Personne
Carte blanche toujours, le lundi 5 juillet avec Vincent Peirani qui convie rien moins que Vincent Segal et Piers Faccini (mais pas que) dans une soirée complétée par le petit fiancé de Jazz à Vienne, Avishai Cohen. Ce alors même que revoilà Marcus Miller pour une deuxième Carte Blanche (on sent bien cette année la volonté de Jazz à Vienne de capitaliser sur ses invités). Gageons que la soirée la plus envoûtante pourrait néanmoins bien être celle du 7 juillet qui accueillera trois princesses-prêtresses en la personne d'Imany, de Lianne La Havas et de la sensation soul du moment Arlo Parks (impossible que vous n'ayez pas entendu sa Caroline). Pour la soirée blues, ce sera le vendredi 9 juillet, comptez sur la présence de Paul Personne, Zac Harmon et le Lowland Brothers de Nico Duportal.
Ce qui nous amène tout de go au 10 juillet du samedi pour l'All Night Jazz avec d'un côté, le lauréat du tremplin Rézzo Jazz à Vienne 2019 (parce que 2020, bon ben vous savez) et de l'autre une création Jazz à Vienne/hommage à Randy Weston par le claviériste malien Cheikh Tidiane Seck en compagnie de l'oudiste et guembriste Majid Bekkas. Enfin, du troisième côté : la petite fiancée de Jazz à Vienne, Ayo.
Et comme donc c'est All Night, c'est pas fini, avec encore le one-man-band Mezerg et le funkadélique Cimafunk. Mais surtout avec L'Armée Mexicaine, appellation d'origine incontrôlable réunissant les musiciens ayant œuvré sur le dernier disque de Rachid Taha. Car oui, il s'agit bien d'une création hommage au grand Rachid qui conviera également quelques guests d'importance : Miossec, la chanteuse algérienne Amel Zen, le saxophoniste camerounais Yebga Likoba, le poète Julien Jacob, Sofiane Saidi de Mazalda et quelques autres.
Déroulée comme ça, ça ressemble presque à une programmation rêvée. Rendez-vous le 23 juin pour vérifier tout ça en se pinçant l'épaule, comme pour se faire vacciner.
Jazz à Vienne. Au Théâtre Antique de Vienne du 25 juin au 10 juillet.