Depuis le 19 mai, les lieux de culture peuvent rouvrir et accueillir du public. Beaucoup de théâtres de Grenoble et de l'agglomération ont donc annoncé des spectacles à enfin voir dans leurs murs avant la traditionnelle pause estivale. Mais où aller ? Tentatives de réponses subjectives en 11 points – dont un très gros et très alléchant.
La MC2 en fête
Quand l'immense MC2 revient dans le jeu après une longue période sans public (elle était fermée, comme tous les lieux de culture en France, depuis fin octobre), c'est avec un mois qui envoie du lourd ! « Plus de 20 propositions regroupant 50 représentations gratuites ou payantes vous seront ouvertes pour notre plus grande joie et votre plus grand plaisir », annonce le directeur Arnaud Meunier, qui proposera certains des spectacles et concerts de la saison ayant du être annulés. Et non des moindres : L'Étang de la passionnante metteuse en scène Gisèle Vienne avec Adèle Haenel sur le plateau ; 31 rue Vandenbranden du génial collectif bruxellois de danse-théâtre Peeping Tom en collaboration avec le prestigieux Ballet de l'Opéra de Lyon ; ou encore 7 sœurs de Turakie du Turak Théâtre, compagnie spécialiste de la marionnette bien barrée – pour n'en citer que certains. Une espèce de mini Festival d'Avignon grenoblois en quelque sorte ! Comme l'entièreté de la programmation (notamment les événements gratuits en extérieur) n'était pas finalisée au moment du bouclage de ce numéro de reprise, on vous en dira beaucoup plus dans le prochain prévu le 9 juin, date du début des festivités à la MC2. La vie est bien faite.
À la MC2 du mercredi 9 juin au vendredi 9 juillet
Espaces pudiques (& angles morts)
Il le qualifie de solo très personnel après plusieurs pièces assez différentes les unes des autres et une grosse vingtaine d'années de danse. Une sorte d'autobiographie décalée et dansée dont la première a plusieurs fois été décalée – elle était initialement prévue à l'automne dernier. On ira donc découvrir avec plaisir le nouveau spectacle de Nicolas Hubert, surtout que le chorégraphe et danseur grenoblois use, comme il l'a déjà fait précédemment dans ses créations que l'on a le plus défendues, de la carte de l'humour à ce qu'on a pu en voir lors d'un filage réservé aux professionnels. Ça tombe bien, on adore quand la danse ne se prend pas trop au sérieux !
Au Théâtre 145 (Grenoble) du mercredi 26 au vendredi 28 mai à 19h
Re:incarnation
Voilà un spectacle de danse qui donne furieusement envie et dont, hasard du calendrier lié au coronavirus, la première publique sera à Échirolles – la création aurait initialement dû voir le jour en septembre dernier à la Biennale de la danse de Lyon. Aux manettes de cette pièce pour dix interprètes et un musicien, Qudus Onikeku, chorégraphe nigérian qui veut mettre en avant l'afrobeat des années 1970 « revisité par le dancehall, le hip-hop et le funky house, provoquant une vraie révolution musicale qui se répercute dans les corps ». Ou quand le passé a de l'avenir.
À la Rampe (Échirolles) jeudi 27 mai à 19h
La Mécanique du hasard
Olivier Letellier est de ces artistes qui ont parfaitement compris ce que c'était que de faire du spectacle jeune public : à savoir un théâtre intelligent à la portée de toutes et tous, enfant comme adulte, et surtout pensé avec la même rigueur que n'importe quel autre théâtre. On est donc ravis de le revoir dans l'agglo, surtout avec ce spectacle, fabuleuse aventure (à partir de 9 ans) sur un ado envoyé au fin fond des États-Unis pour creuser des trous et soi-disant devenir meilleur. Mais un ado qui va déterrer beaucoup plus que des cailloux...
À l'Espace Aragon (Villard-Bonnot) samedi 29 mai à 19h30
Festival d'humour et de création de Villard-de-Lans
Prévue à l'automne dernier, la voilà fin mai en mode réduit (sur un week-end) et en 100% plein-air : la 31e édition du fameux festival de Villard-de-Lans va bien aoir lieu. « Deux jours de fête, de rencontre, de rire et le tout en sécurité », annonce fièrement l'organisation. Avec, au cœur d'une programmation variée entre théâtre, chanson et jeune public, un spectacle court (45 minutes) créé en 2019 au Festival d'Avignon qui nous interpelle : Comme la France est belle ! de Gustave Akakpo, écrivain et comédien togolais de renom, et Frédéric Blin de la géniale et bien barrée compagnie Les Chiche Capon. Un titre à bien sûr prendre de manière ironique (et politique) à ce que l'on a pu en lire !
À Villard-de-Lans samedi 29 et dimanche 30 mai
Contre-temps
Une voltigeuse (Inès Maccario), un porteur (Antoine Deheppe), tous deux passés par la prestigieuse Académie Fratellini, et un spectacle de cirque acrobatique en trois actes (« la même scène recommence en partant d'un point de vue différent ») construit autour de la notion de temps (d'où son titre). « Comment, en fonction de nos émotions, notre notion du temps se transforme ? » se demande le duo aux commandes de la compagnie SID, qui promet un spectacle à l'écriture proche du burlesque et de l'absurde. On ne peut vous en dire plus comme ce Contre-temps a été créé quelques jours avant le début du troisième confinement (on n'a donc pas pu le voir).
À l'Ilyade (Seyssinet-Pariset) mardi 1er juin à 14h15 et 19h30
Miracles
Encore une création, prête depuis plusieurs mois, qui peut enfin être présentée au public. « Hâte de vous retrouver » annonce sur ses réseaux sociaux la compagnie Malka du danseur et chorégraphe hip-hop (mais pas que) Bouba Landrille Tchouda, figure bien connue à Grenoble et par nos lecteurs fidèles. « Dans Miracles, il n'est pas question de faits inexpliqués attribués à une puissance divine, mais bien de danses et notamment du lien entre ce que nous dansons et ce que nous voyons, entendons, ressentons... Une danse sous influence, en réaction à d'autres éléments » écrit le chorégraphe en note d'intention. Au vu de ses derniers spectacles (son solo notamment, qui avait eu droit à la une du PB l'an passé), on en attend beaucoup – sachant qu'on avait fortement apprécié le filage auquel on avait été conviés en mars.
Au Diapason (Saint-Marcellin) vendredi 4 juin à 19h
Le Discours
Bonne nouvelle : nous aurons deux possibilités en juin pour découvrir une adaptation du roman Le Discours de Fabcaro – l'histoire d'un mec qui soliloque sur sa vie chaotique alors qu'on lui demande de pondre un texte pour la cérémonie de mariage de sa sœur. Le 9 juin, ce sera au cinéma avec un film signé Laurent Tirard. Et la veille, ce sera au théâtre grâce au comédien et metteur en scène grenoblois Grégory Faive qui dévoilera enfin son seul-en-scène au public après une première plusieurs fois repoussée du fait du coronavirus. On a hâte, tant Grégory Faive nous semble l'homme parfait pour porter la verve folle de Fabcaro. On en reparlera plus largement la saison prochaine lors de la tournée.
Au Grand Angle (Voiron) mardi 8 juin à 19h et du mercredi 9 au vendredi 11 juin dans plusieurs communes environnantes
Marina Rollman
On aurait dû la croiser en février, la voilà reprogrammée en juin et tant mieux ! Car l'humoriste et chroniqueuse (sur France Inter) Marina Rollman est l'une des nouvelles têtes prometteuses du rire francophone (elle est Suisse). Elle débarquera enfin à l'Ilyade avec son premier spectacle baptisé tout simplement Spectacle drôle : une réussite couplant regards acerbes sur notre condition d'humains du XXIe siècle et engagements bienvenus – sur le féminisme notamment. Parfait pour sortir par le haut de cette période morose !
À l'Ilyade (Seyssinet-Pariset) samedi 19 juin
Jovany et le dernier saltimbanque
Un one-man-show, déjà passé dans l'agglo l'an passé dans le cadre du festival Aux rires etc, centré sur les désirs artistiques d'un gamin impressionné par son grand-père clown qui vaut surtout pour ce fameux Jovany, véritable pile électrique parfois présentée comme le Jim Carrey français. À la façon qu'il a de happer le public dès le début de la représentation pour ne plus le lâcher et le renvoyer chez lui exténué, on ose imaginer dans quel état, lui, finit chaque soirée.
À la Basse cour (Grenoble) du jeudi 24 au samedi 26 juin à 20h30
Lalala... itou
« Demi-quatuor accord'vocaléon » que l'on suit depuis des années (on les voit souvent dans le coin), Oskar & Viktor dynamitent joyeusement la chanson française dans des spectacles autant irrévérencieux que respectueux face à notre grand (et moins grand) patrimoine musical national. Cédric Marchal et François Thollet, « seul duo à ne chanter que rarement la même chanson au même moment », se déconfineront avec nous fin juin façon show à l'américaine promettent-ils. On sent l'anguille frétiller sous la roche, et tant mieux !
Au Théâtre en rond (Sassenage) mardi 29 juin à 20h30