Après l'annulation de la dernière édition pour cause de Covid, le festival d'art numérique DN[A] revient fin mai et s'installe dans le quartier Saint-Laurent pendant deux jours.
« Il y a quelques semaines encore, on pensait organiser un événement réservé aux professionnels et mettre l'accent sur de la captation vidéo. » Jérôme Villeneuve, président de l'Association ressource pour la création artistique numérique (ARCAN), a le sourire – et la pêche ! La troisième édition du festival DN[A], dédié aux arts numériques et plus spécifiquement « aux arts visuels, petites formes et jeunes œuvres », pourra finalement accueillir du public. Grâce à une énergie débordante et une rare force de persuasion, l'équipe est parvenue à établir une programmation plutôt riche en un temps record. Un festival court et efficace : deux jours, une dizaine de lieux et une quinzaine d'œuvres à voir sur quelques centaines de mètres le long de la rue Saint-Laurent (Grenoble), très fréquentée par temps printanier.
« Notre objectif est de décloisonner l'art numérique qui est souvent enfermé dans des boîtes, plus rarement présenté dans l'espace public et patrimonial. On fait le choix d'exposer des propositions plus plastiques, sensibles, interactives qui permettent d'engager le public dans la relation à l'œuvre et de faire découvrir ce champ artistique encore méconnu. Pendant les deux jours, les artistes seront disponibles pour échanger avec les visiteurs », résume Jérôme Villeneuve. Parmi les espaces investis, certains noms sonnent familiers (le Jardin des Cairns, le Musée d'archéologie, le Café des arts), d'autres beaucoup moins (Le Silo, la Résidence autonomie Saint-Laurent). « C'est aussi l'occasion de faire découvrir des lieux qui sont d'ailleurs une source d'inspiration importante pour les artistes. L'œuvre et le lieu sont indissociables. »
Un regard critique
Cinéma, son, installation, jeu vidéo, performance... L'art numérique paraît complexe à définir tant il brise les frontières entre les disciplines, érige des ponts inédits et ouvre des possibilités formelles infinies, en s'appropriant les nouvelles technologies. L'association ARCAN souhaite précisément mettre en lumière cette création foisonnante et passionnante, sans pour autant tomber dans le prosélytisme numérique cher aux entreprises du secteur. À l'inverse d'autres manifestations plus institutionnelles (par exemple la biennale arts-sciences Expérimenta organisée par l'Hexagone et le CEA) qui entretiennent une certaine porosité entre art et promotion de l'innovation, DN[A] est un festival purement artistique qui permet de porter un regard critique.
« Ça fait même partie de la genèse de l'événement. Nous tenons à mettre le doigt sur plusieurs problématiques, comme l'obsolescence des œuvres numériques, explique Jérôme Villeneuve. On n'a pas de parti pris, pas de clé, on veut parler des bénéfices autant que des dérives du numérique. » Ce propos résonne de façon particulière dans une ville comme Grenoble – aussi technophile que technophobe – où il serait grand temps de poser un débat serein sur la question.
Festival DN[A]
Les 28 et 29 mai, ven de 9h à 17h, sam de 10h à 18h, quartier Saint-Laurent (Grenoble)